Roots for radicals, conversations intentionnelles : commentaires croisés

par | 20/07/23

Ed Chambers (2 avril 1930 – 26 avril 2015) était un organisateur américain renommé et le successeur de Saul Alinsky dans l’IAF (Industrial Areas Foundation ou la Fondation de zones industrielles). Il a commencé sa carrière comme séminariste puis s’est tourné vers l’organisation collective, étant rapidement repéré par Alinsky puis enrôlé dans des campagnes à Chicago et à New York. Chambers est devenu le directeur exécutif de l’IAF après la mort d’Alinsky en 1972.
Ed Chambers est reconnu pour avoir développé une formation systématique sur les pratiques d’organisation collective. Sa plus grande contribution à cette formation a été la formalisation de la conversation intentionnelle, une conversation de 30 à 60 minutes entre deux personnes qui a pour but d’établir une amitié publique et politique et un engagement à l’action collective. Nous vous présentons ici un chapitre de son livre Roots for Radicals: Organizing for Power, Action, and Justice où il décrit les subtilités des conversations intentionnelles ainsi que des trucs et astuces pour les réussir.
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Amaury Millotte

Militant Anticapitaliste et anti-autoritaire, conférencier gesticulant, (dé)formateur et accompagnant de collectifs en pratiques d’éducation populaire

Les idées qui m’ont marqué

« Placer la conversation, la rencontre, la construction des relations entre les gens au centre de l’organisation collective a beaucoup résonné pour moi. Je trouve ça inspirant d’en faire un travail conscient et central. L’attention qui est portée à la profondeur de ce type d’échange me renvoie aux enjeux de prendre soin des relations que l’on crée et que l’on tisse dans nos collectifs. »

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L’intention également, que ce tissage de relations ait vocation à construire des « amitiés publiques » pour agir sur monde, et non se faire des « potes », m’a beaucoup parlé. Cela situe le registre de la conversation et le niveau d’engagement qu’elle suppose : une posture solide et éthique, l’enjeu d’aller parler avec des inconnues, de parler de soi, de chercher l’ouverture, de sortir de nos entre-soi, de nos biais politiques et de nos propres préjugés, de différencier l’intime du personnel, ce qui relève de l’expérience politique signifiante de la vie privé.

J’ai été aussi marqué par la quantité de conversations menées (on parle tout de suite de centaines de conversations sur des temps condensés !) et de la rigueur que cela nécessite en termes de préparation, posture, attention, suivi, etc. Ce sont des chiffres impressionnants qui alimentent ma curiosité quant à la « gestion » d’une telle quantité de conversations mais aussi qui me questionnent sur la capacité à rester à la hauteur de l’intention de profondeur et de réciprocité des échanges quand il y en a autant.

Les passages qui m’ont questionné

Tout au long du texte, j’ai eu l’impression de lire deux visions contradictoires : La première, que je trouve inspirante, résonne pour moi comme l’idée d’une pratique sociale à instaurer dans nos collectifs, d’une culture de la conversation. Elle est présentée comme « le ciment qui permet d’amener différents collectifs à se rencontrer », « une conversation qui éveille les individus », une approche qui permet « d’organiser de manière efficace dans n’importe quel aspect de la vie quotidienne », dans laquelle « la personne à l’origine de la conversation n’est pas une éponge qui s’imprègne d’informations à propos de la vie de l’autre personne. Il ou elle doit être prêt(e) à se retrouver dans une situation vulnérable où ses propres passions sociales, ses valeurs, ses frustrations et ses inquiétudes seront exposées ».

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J’y lis l’enjeu de construire une culture de la conversation qui garantisse l’écoute, la compréhension et la réciprocité, l’intérêt sincère pour l’autre et ce qui l’anime pour mieux s’organiser, tisser des alliances et des solidarités, et agir au quotidien. Une pratique accessible à tout le monde, qui peut s’apprendre et se partager, à laquelle on peut s’éduquer, et qui contribue à construire des relations de solidarité saines et durables à l’image des modes de vie qu’on prétend défendre.

La seconde, qui me pose problème, présente la conversation intentionnelle comme un geste professionnel des organisateur.ices, donc réservé qu’à quelques-un.e.s. Elle est même présentée comme un outil au service des « leaders », voire un savoir-faire quasi inné des « puissants » qu’il faudrait maîtriser pour « avancer dans la chaîne alimentaire ». Les casquettes et les fonctions se mélangent d’ailleurs assez vite entre organisateur.ices et leaders, et on glisse vers une pratique qui définit le haut et le bas de la hiérarchie sociale : Il s’agit de différencier les « leaders » des « followers ». Les premièr.es qu’il faut identifier et rencontrer, les second.es inintéressant.es pour des conversations dignes de ce nom, voire carrément relous à « décharger leurs problèmes sur nous » et « pomper notre énergie ». Relous mais néanmoins utiles puisqu’iels peuvent en revanche être « fournis » par les « leaders ». Ouch !

Dans cette vision l’enjeu réel de la conversation intentionnelle n’est plus présenté comme la rencontre sincère pour construire des amitiés publiques. Elle est présentée comme un moyen de générer un moment où on va chercher à « évaluer une personne, […] à attiser sa curiosité ; [où on] cherche un talent » à « ajouter à notre collectif public »… Personnellement je n’aurais aucune envie d’être traité de cette façon par quelqu’un.e qui prétendait vouloir me rencontrer. D’autant plus si c’est pour soi-disant tisser des liens de solidarité avec moi ou avec un collectif dont je ferais partie..

Dans la même idée, la notion d’art pour qualifier la maîtrise par certain.e.s de la conversation intentionnelle me questionne. Est-ce que cela signifie qu’il y a des virtuoses ? Des esthètes de la conversation intentionnelle ? Dans ce cas est-ce que ça veut dire que maîtriser « l’art » de la conversation intentionnelle serait la marque des meilleur.e.s, d’une élite, des leaders, des puissant.es ? S’il s’agit d’une technique ou d’un art qui peut (doit ?) être maîtrisé avec virtuosité pour se rencontrer, qu’en est-il de l’interlocuteur.ice si iel n’est pas un.e virtuose ? Que devient la réciprocité de la rencontre ? La réciprocité de la vulnérabilité ? La virtuosité de la technique amène-t-elle à garantir une rencontre sincère et égalitaire, ou est-ce qu’elle conduit surtout à être en plus grande capacité de sonder l’autre, plus ou moins à son insu finalement, en maîtrisant les curseurs de la vulnérabilité et de la prise de risque ?

Ces deux visions opposées qui s’entrecroisent m’interrogent beaucoup sur la posture éthique et la visée politique de la personne à l’initiative de la conversation. Il y a d’ailleurs une phrase qui illustre bien le problème : « La plupart des techniques d’action que j’ai développées ces cinquante dernières années viennent en partie de ce que quelqu’un a dit lors d’une conversation intentionnelle. ». Les techniques d’actions viennent bien de conversations avec les gens, mais tout de même « qu’en partie » et c’est quand même « je » qui les développe, pas « nous ». La ligne de crête me paraît alors vraiment très fine entre le fait de construire une culture de la relation saine à l’image des mondes qu’on défend, et maîtriser un outil descendant détenu par une avant-garde formée qui peut définir l’agenda pour les autres en progressant dans « la chaîne alimentaire du pouvoir ».

Ce questionnement me renvoie à deux choses :

– la fétichisation des outils et des pratiques de lutte contre le capitalisme et les dominations sociales

– et la capacité du capitalisme à détourner à son service les pratiques et outils que nous élaborons nos luttes contre lui.

Dès lors qu’on déracine nos pratiques de leur terreau politique anticapitaliste, le capitalisme les recycle. Par exemple, beaucoup de nos pratiques d’éducation populaire pour nous désintoxiquer de cette idéologie et agir à en sortir se sont vues petit à petit transformées en « animation socioculturelle », « démocratie participative », « team building », « intelligence collective » et « facilitation » dès l’instant où on en a fait des boîtes à outils qui pouvaient être dissociées des visées anti-autoritaires et émancipatrices de départ. Ce texte me donne la même impression pour la conversation intentionnelle. Les pires libéraux, xénophobes et autres défenseur.euses de modes de sociétés mortifères peuvent aussi se former à ces outils et les pratiquer avec virtuosité pour s’organiser (et iels le font!). Pour autant, iels ne souhaitent pas une vie collective où chacun.e est en capacité de dépasser les clivages, les peurs et les préjugés pour relationner avec soin et profondeur. Au contraire.

Telle que présentée ici, la conversation intentionnelle en tant qu’outil est certes pertinente et visiblement efficace, mais elle ne définit rien politiquement. Elle me donne même le sentiment que sans un cadrage éthique et politique fort, elle peut facilement dévier en un outil de manipulation puissant. Après le « la fin justifie les moyens » d’Alinsky, il y a peut-être un truc à creuser de l’ordre du « jusqu’où la fin justifie les moyens », ou même « est-ce que la fin est dans les moyens » ?

Ce que j’aimerais approfondir

« Le travail de la posture de la personne à l’initiative d’une conversation intentionnelle : le cadrage éthique, le travail des angles morts. Comment travailler à conserver la bonne intention tout le long de la conversation et ne pas dévier en cours de route vers du recrutement, de la réunion opérationnelle, du management, de l’enquête, du sondage, etc. ? Comment travailler à rester sincère dans les espaces de vulnérabilité qu’on présente de soi, ne pas glisser dans de la mécanique, dans une vision purement utilitariste où le niveau de vulnérabilité affiché serait essentiellement un artifice mesuré pour amener l’autre à se livrer davantage. »

« Les différentes pratiques de planification des organisateur.ices en amont et de « gestion » de ces conversations ensuite quand elles se comptent en centaines. »

« La tension entre la notion d’outil, de geste professionnel central au métier d’organisateur.ice, et la notion de culture relationnelle. »

Cet article de l'Université Populaire des Luttes
Est en accès libre car il est entièrement financé par vos contributions !

Henrique Lody

Membre de l’équipe d’Organisez-Vous !

Les idées qui m’ont marqué

« J’ai beaucoup résonné avec l’idée que la conversation intentionnelle est une forme d’art qui nous éveille, ce en quoi je crois véritablement avec ma petite expérience de l’organizing. »

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Ce qui me marque également dans ce passage est l’utilisation systématique de la conversation

intentionnelle, ce qui m’invite à la discipline et la rigueur dans mon utilisation personnelle.

L’importance de la curiosité m’a également pris de court car j’ai tendance à la craindre, comme une forme d’invasion de la vie privée. Je pense également que je n’envisageais pas la conversation intentionnelle comme un espace d’agitation et que pour obtenir davantage de résultats positifs, je dois oser agiter plus.

J’ai été marqué par ce qui est dit sur la nature des interlocuteur·ices, tout d’abord dans leur nature de leaders : ils et elles doivent détenir une forme de pouvoir afin que la conversation soit efficace. Cela me motive à davantage cartographier le pouvoir des personnes avec qui j’ai des conversations intentionnelles avant d’en avoir, être davantage sélectif et l’assumer. Dans un deuxième temps, dans leur positionnement politique : la plupart de mes conversations m’ont confortés dans le partage de convictions politiques et ne m’ont pas amené à rencontrer tant d’individus modérés que ça.

Enfin, ce que j’ai préféré dans ce texte, est l’appel à l’acte qui le conclut. « Pourquoi ne pas essayer ? » Ça donne la pêche !

Les passages qui m’ont questionné

« La réalité du terrain amène souvent à mobiliser autour d’une cause et à dialoguer avec des

personnes qui ne sont pas (encore) des leaders. Est-ce qu’employer l’outil de la conversation

intentionnelle dans ces conditions ne reviendrait pas à l’employer pour manipuler ? Quels sont les autres outils à employer ? »

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Je suis rarement parvenu à faire une conversation intentionnelle de moins de 30 minutes, j’ai

l’impression que le lien est moins fort si l’on laisse si peu de temps.

J’ai aussi l’impression que l’humour occupe une place tout autre dans les luttes politiques d’antan et/ou aux États-Unis et je me demande s’il est important aujourd’hui en France. Je me demande aussi ce qui est entendu par humour : chaleur humaine ou dérision ou les deux ? Est-ce que l’humour que ces organisateur·ices pratiquait est acceptable selon nos critères actuels ?

Enfin, je ne m’imaginais pas qu’une partie du travail de l’organisateur·ice était de s’informer sur les communautés, les congrégations, les convictions de leurs interlocuteur·ices avant de les rencontrer pour une conversation intentionnelle. Je me demande dans quelle mesure cet exercice est à notre portée à l’heure actuelle, où les communautés sont (parfois) un peu dissoutes.

Ce que j’aimerais approfondir

« J’aimerais bien savoir quelle forme prennent les conversations intentionnelles après la première rencontre. Il est plusieurs fois fait mention de ça dans le passage et je ne parviens pas à me faire à l’idée que l’on puisse avoir plus d’une conversation intentionnelle avec quelqu’un. J’aimerais également approfondir la manière dont une conversation intentionnelle constitue un tremplin pour l’action politique, comment la conclure avec un appel à l’acte clair. Les questions qui ont conclu le passage vont m’aider à me faire ma propre grille d’évaluation de l’impact d’une conversation.

Le passage présente une façon de faire conversation que je ne pratique pas et je ressors de la lecture avec une envie de m’exercer à cette façon de faire.

Je veux élucider l’expression « amitié publique », dont le sens m’échappe un peu à la lecture. »

Marie Nowicki

Directrice centre social la Maison Pour Tous, Association Solillers

Les idées qui m’ont marqué

« La conversation intentionnelle est ici envisagée comme « une forme d’art » et cette première idée m’a marqué. Je crois qu’aujourd’hui, nous n’avons (dans l’organisation collective ou ailleurs… travail éducatif, etc.) ni besoin, de techniques ou de technicités supplémentaires, d’un « dispositif » qui s’ajouteront aux autres dispositifs, mais bel est bien de créativité, de beauté, de créations, d’actions et d’inventivité. »

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Ensuite, la conversation intentionnelle est considérée comme « un événement risqué et réciproque ». La rencontre de l’autre est toujours un événement, qui s’inscrit dans une forme de prise de risques, l’imprévisible et par définition, l’imprévisible ne peut être prévu avant qu’il ne soit produit ; qui est « l’autre » ? Qu’allons-nous vivre ensemble ? Qu’est-ce que je donne de moi, etc. La rencontre c’est l’inédit, c’est la réciprocité et un « mouvement de va et vient ». Enfin, je m’intéresse aux histoires de vie de communauté et aux approches biographiques, j’ai donc été sensible à la question du récit, des histoires et à cette idée de « sentiment de communauté » que semble faire émerger la conversation intentionnelle. La communauté est pour moi source d’histoires singulières et collectives mais aussi de relations et de multiples étayages. Dans la conversation intentionnelle, « autrui à une grande valeur » et il me semble important de se laisser toucher en profondeur.

Les passages qui m’ont questionné

« Les notions « d’amitié publique » ou de relations publiques m’ont questionné car je suis critique quant à cette société qui catégorise et découpe. J’ai une orientation théorique qui est celle de la sociologie clinique et de fait, j’aborde les phénomènes sociaux et institutionnelles dans des dimensions à la fois théorique et politique, en mettant en rapport les registres sociaux et psychiques. Pour moi, la notion d’amitié publique renvoie à celle d’amitié éventuellement privée alors que cela me semble bien plus complexe car nous sommes à tout moment traversés par des dimensions sociales, affectives, existentielles, etc. »

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Ensuite, « Sonder autrui » m’a quelque peu dérangé et je pense que des histoires au fondement de l’action collective peuvent émerger dans les conversations « banales », du quotidien mais qui permettent d’être en relation, d’apporter du soin, de l’écoute et de l’attention à autrui.

Enfin je reviendrai rapidement sur « la progression dans la chaîne alimentaire du pouvoir » et ce rapport follower / leader. En pédagogie sociale, nous pensons une organisation en reliefs avec un cap et des capitaines qui peuvent changer, alors j’ai envie de dire ou d’écrire que dans cette chaîne alimentaire du pouvoir n’avalons pas trop vite le « follower », l’art peut être aussi qu’il prenne une place de capitaine à un moment, dans un contexte, dans une situation.

Ce que j’aimerais approfondir

« A Solillers, nous avons une approche théorique (et donc pratique) en pédagogie sociale et en sociologie clinique. Pour autant, bénévoles et salariés se sont formés récemment au porte à porte et donc à la conversation intentionnelle. Je vois donc de nombreux sujets à approfondir, en liens étroits avec cette expérience de formation et la lecture de ce texte. Je formulerai donc une seule question en lien avec cette perspective d’approfondissement (et peut-être de débat) : est-ce la conversation intentionnelle qui fait émerger la dimension politique ou l’intensité d’une relation de confiance et de proximité s’inscrivant dans la durée ? »

Hugo Feron

Militant indépendant

Les idées qui m’ont marqué

« La première idée qui m’a marqué est la force des histoires comme moteur de changement. On raconte des choses qui inspirent la construction de nouvelles histoires, c’est une boucle productive. Ça permet de compiler les expériences activement et de construire un bagage commun à partir de fragments de réalités. Le fait de mettre l’accent sur la spécificité des individus et de leurs histoires permet de mettre en avant la nature interconnectée de la société. On montre comment chaque histoire s’imbrique avec les autres pour modeler comment on conçoit le monde. »

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On met en avant la place de l’émotion dans l’expérience de la vie, ce qu’on a tendance à mettre de côté quand il est question de lutte. C’est également un outil qui crée du lien entre les individus en abordant des sujets en profondeur et en permettant un véritable échange et pas en installant une hiérarchie dans la transmission de la connaissance entre l’initiateur de la discussion et la personne qui en est sujet. D’un point de vue personnel, ça permet de prendre du recul sur ses propres fonctionnements, expériences et idées.

L’intentionnalité est un aspect important de ces discussions, ça permet de se poser dans un cadre d’exploration personnelle et intellectuelle qui ne laisse pas de place aux banalités. On se concentre sur ce qui compte pour nous, sur des choses importantes. La forme de ces conversations étant plutôt libre ça permet une adaptation à tout style de communication et toute personne ouverte à l’échange. On peut construire une relation volontairement à la place de simplement se laisser guider par les discussions libres qu’on a au quotidien, c’est une forme de réappropriation de la sociabilité.

Les passages qui m’ont questionné

« Il faut faire attention à ne pas placer l’expérience personnelle comme référence du réel au risque que le storytelling obscur des mécanisme sociaux complexes. C’est la relation entre les histoires qui nous en apprend le plus sur le monde, une histoire n’en apprend que sur la personne qui la raconte et sur son expérience du monde. »

Ce que j’aimerais approfondir

« J’ai du mal à saisir la distinction entre leader et follower quand il est question de conversation intentionnelle. Si l’objectif est de créer un tissu d’expérience et de générer de l’action, toute nouvelle interaction peut être bénéfique et restreindre à certaines personnes sous prétexte qu’elles portent une position de leader et qu’elles ont donc plus de relation me semble inutile. La justification dans le texte ne me semble pas claire. »

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Il me semble important de mettre en avant la nature intentionnelle de la discussion et d’être parfaitement transparent sur les intentions de chacun, ce que je n’ai pas ressenti clairement à la lecture du texte. Il ne faut pas que la conversation puisse être déguisée de quelque façon en une simple rencontre entre deux individus quand il y a des objectifs derrière.

J’aime bien le fait de considérer la conversation intentionnelle comme un art et je pense que cet outil peut être utilisé dans n’importe quelle relation entre des individus. Dans la construction d’une amitié, le fait de se livrer activement et volontairement crée de la confiance et donc des liens forts. Je pense que ce style de conversation ne doit pas se limiter aux leaders et au cadre de l’organisation mais peut servir tout structuration de groupe social, peu importe sa forme et ses objectifs.

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