Vers une maison de l’organisation collective ?
CAMPAGNE D’ÉCOUTE 2021
Cette équipe s’est mobilisée pour rassembler et compiler plus d’une centaine de témoignages, autour d’une question centrale : serait-il pertinent de créer une maison de l’organisation collective en France et à quoi devrait-elle ressembler ?
Remerciements
Nous souhaitons adresser nos remerciements à toutes celles et ceux qui ont donné de leur temps pour échanger sur leurs pratiques militantes, leurs rêves pour demain, leurs obstacles quotidiens et leurs besoins pour monter en puissance. Chacun·e s’est exprimé·e en son nom propre, tout en situant ses propos dans le cadre de son engagement auprès d’une association, d’un collectif ou d’un syndicat particulier :
Abderrahmane Marzouki (Centre social Pluriel(le)s)
Adeline de Lépinay (Autrice d’ « Organisons-nous ! Manuel critique » aux Editions Hors d’Atteinte)
Alexandre (La Station LGBTI)
Alice Barbe (SINGA)
Amal Bentounsi (Urgence notre Police Assassine)
Anaïs (DAL 31)
Anaïs et Mickaël (Gilets Jaunes Ain)
Anthony Ikni (CNDH, Romeurope)
Anthony Pouliquen (L’Ardeur)
Audrey Morice (Oxfam)
Aurore Cyrille (Collectif pour une Nation Refuge)
Benjamin Sourice (Vox Public)
Bertrand Verfaillie (Collectif solidarité Rroms)
Blaise (Tri, Potes et Mascagne)
Camila Curi (Sortir Du Nucléaire)
Camille Désirée (Game Impact)
Cécile Chartrain (Les Dégommeuses)
Citlali (Les colleuses)
Claire (Parlons-en)
Claudia (Collectif 8 Mars – Angoulême)
Cléa (Centre d’accueil Logivar/UDV)
Clément, Mélanie et Karen (ImagiNon)
Coline Serra (La Rencontre des Justices)
Elisa et Olivia (ACINA)
Gaëlle Maillard (CGT, Collectif 8 Mars – Lille)
Gabriel Mazzolini (Les Amis de la Terre)
Geoffrey Renimel (ATD – Quart-Monde)
Gilles Reynaud (Ma zone contrôlée)
Guillaume (Association pour le Développement en Réseau des Territoires et des Services)
Isabelle (La Belle Démocratie)
Isa Frémeaux (Laboratoire d’imagination insurrectionnelle)
Jasmine (Culture et Progrès)
Jean Vettraino, Fabien Hamel, Mathias Rocoplan (CCFD- Terre Solidaire)
Jérémie Chomette (France-Libertés)
Jérôme de Daran (La Volte – Toulouse)
Jil (Rencontres Féministes)
Julie Vaudois (Planning Familial – Grenoble)
Julie Rousinaud (Normandie Equitable)
Juliette Decoster et Nicolas Krausz (Fondation Charles Leopold Mayer)
Kévin Vacher (Collectif du 5 Novembre – Noailles en colère)
Laura Jovignot (#NousToutes)
Laura Petersell (Syndicat ASSO-Solidaires et Réseau salariat)
Laurène Bounaud (Disclose)
Laurent Desaunay-Moreau (Ligue de l’Enseignement de l’Eure)
Laure Ducos et Benjamin Lemesle (Greenpeace)
Léna Hagel (La petite filature – Tours)
Léo Mathey (Repairs! 75)
Linh et Joohee (Collectif PanAsiAFéministe – PAAF)
Lucy (By2020 We Rise Up)
Lucile (L’escargot migrateur)
M (Collectif féministe et queer radical)
Malika, Armelle, Thierry, Mahieu (Extinction Rebellion)
Manon (Syndicat de luttes Solidaires étudiant·es, Collages lesbiens)
Marianne et Marika (Antidotes)
Marie Bouchand (Centre socioculturel des 3 Cités)
Marion Collet (Collectif Solidarité Migrants Wilson)
Marie Roland (Agir pour la santé des femmes – ADSF)
Mathilde (Le Contrepied)
Mathilde (CGT, Réseau féministe)
Maude Fouchard (Etape, Solidarité Migrants Wilson, La Cimade)
Mohammed Mechmache (Coordination « Pas Sans Nous »)
Nathalie (Quicury)
Nicole (Association Solidarité Essonne Familles Roumaines et Rroms)
Nikolai Posner (Utopia 56)
Océane Décan (ADEPAPE 33)
Olivier Pastor (Université du Nous)
Oriane (Bagage’rue, Les Francas)
Oumalkaire Suleman (Lallab)
Patrick Mahieu (Faire des égaux)
Paul Forger (Confédération Paysanne)
Pauline Magnat (Papillon)
Perrine et Wim (La Turbine à Graines)
Philippine Barthez, Philippe Demeestère, Martin Reneaume et Anne-Catherine Berne (Secours Catholique)
Pierre Chopinaud (#Ecolepourtous)
Raquel Diaz Gonzales (Alternatiba)
Romane Piquet-Ulliel (ActionAid)
S (Qtpoc Autonomes)
Safa Bounaidja (Coexister)
Sara Hadji Rezai (POWA)
Sarah Aubert (Watizat)
Sébastien (La forge des compétences)
Sophie Fadiga (Amnesty International)
Stéphanie (Qtpoc Autonomes)
Sylvie Pécard (Collectif Inter hôpitaux, Alternatiba)
Sylvie (Gilets Jaunes, Masques Blancs)
Suzanne (RESF, BDS)
Tarik Touharia et Jean-Luc Grosbois (Fédération des centres sociaux de France)
Thalia Mambu (La Féministerie)
Thibault Corneloup, Latifa Es-Sekka, Émilie MdC, Michael Picon, Alice (CLE Autiste)
Tifen (Coopérative Citoyenne)
Victor Vauquois (Partager c’est sympa, Super Local)
Vincent Debierre (Le cri 57)
Vicent Jannot (Terre de liens)
Vincent Lillo (Ligue de l’enseignement, Tables de quartier de Marseille)
Yann Le Boulaire et Sylvie Dévidas (Médecins du Monde)
Yali Sequeira (Réseau France-Colombie Solidarités)
Nous remercions également Tara Dickman et Sarah Durieux, dont l’expertise et les conseils ont été extrêmement précieux en amont de ce travail de recherche.
Que trouverez-vous
dans ce rapport ?
1. Notre bagage de départ : comment avons-nous entamé notre processus de recherche ?
- Notre intuition initiale
- Notre méthodologie de travail
2. Ce que vous nous avez dit : que ressort-il de l’analyse des témoignages ?
- Connaissance et pratique de l’organisation collective en France
- Les obstacles qui limitent nos rêves
- Nos besoins pour monter en puissance
- Créer un espace ouvert pour échanger entre pair·es
3. Ce que l’on peut faire aujourd’hui : comment s’emparer de vos réponses pour construire des pistes de travail ?
- Comment nous souhaitons avancer
- 4 chantiers à explorer
Partie 1
Notre bagage de départ
Notre intuition
En effet, l’organisation collective est davantage une question d’expérience plutôt que d’expertise : c’est en organisant que l’on devient organisateur·trice. Nous avons découvert avec les années que le partage d’outils doit s’accompagner du partage des « tentatives » expérimentées, des galères et des ressources trouvées, vécues par d’autres.
C’est là le point de départ de notre intuition
En s’inspirant de la philosophie des « communs » et des principes de l’éducation populaire, il est possible d’imaginer un espace de discussion et de partage, une « maison commune » de l’organisation collective, à laquelle chacun·e pourrait participer selon ses moyens.
Notre méthodologie
Afin de répondre à notre question de départ (serait-il pertinent de créer une maison de l’organisation collective en France et à quoi devrait-elle ressembler ?), nous avons décidé de mener une campagne d’écoute, réalisée de février à mai 2021, à l’échelle de la France hexagonale, auprès d’un panel de militant·es pluriel ayant en commun leur lutte pour la justice sociale et les biens communs.
Suite à un appel lancé par l’association, une équipe initiale de huit personnes a été constituée et formée pour recueillir les témoignages.
Nous voulions échanger avec un maximum de personnes engagées dans différents contextes et ayant différents degrés d’engagement. Pour cela, nous avons commencé par créer une grille de critères qui permettrait, au fur et à mesure de la campagne, de mesurer nos angles morts et d’enrichir nos échanges. Les critères étaient les suivants :
- La thématique d’engagement de la personne interrogée (féminisme, écologie, syndicalisme, etc.)
- Le lieu de son engagement
- Le caractère urbain ou rural de ce lieu d’engagement
- Le type d’organisation à laquelle elle appartenait (collectif, association, syndicat)
- L’échelle de cette organisation (locale, nationale ou transnationale)
- Les ressources de cette organisation (à la fois humaines et matérielles)
- Le statut de la personne interrogée au sein de cette organisation (salarié·e, bénévole)
- Le statut de la personne interrogée au sein du champ de son engagement (premier·e concerné·e, allié·e)
- Sa connaissance (ou non) du community organizing, et plus largement de l’organisation collective
Durant cette campagne d’écoute, nous avons remarqué plusieurs angles morts sur lesquels nous avons cherché à travailler : un déséquilibre géographique entre Paris et le reste du territoire hexagonal, un manque de témoignage des personnes engagées en milieu rural, ainsi qu’une sous-représentation des collectifs de premier·es concerné·es, mais aussi des jeunes et des mineur·es. Nous avons également créé un questionnaire en ligne, plus léger, afin de permettre à plus de personnes de témoigner.
Au total, 122 témoignages ont été recueillis AUPRÈS DE 101 ORGANISATIONS
- 81 sont le résultat de discussions approfondies semi-dirigées
- 41 sont des réponses au questionnaire que nous avons diffusé en ligne
- DROITS AU LOGEMENT 15%
- DÉMOCRATIE 16%
- FÉMINISMES 22%
- LUTTES ANTICARCÉRALES 3%
- LUTTES ANTIRACISTES 17%
- LUTTES CONTRE LA PRÉCARITÉ 28%
- LUTTES LGBTQIA+ 11%
- LUTTES PAYSANNES 7%
- LUTTES POUR LES PERSONNES MIGRANTES ET EXILÉES 27%
- LUTTES ÉCOLOGISTES 23%
- AUTRES 7%
Luttes représentées (en pourcentage) dans le panel d’organisations interrogées
Les principales questions posées étaient les suivantes
Quelles sont les missions et les activités de votre organisation ?
Comment vous structurez-vous (de manière formelle ou informelle) ?
Si l’on pouvait mettre de côté toutes les limites matérielles à votre pratique militante, qu’est-ce qui vous ferait rêver pour les années à venir ?
Quels sont les obstacles que vous rencontrez au quotidien ?
Quelles ressources avez-vous trouvé pour y faire face ?
Quels sont vos besoins pour aller de l’avant ?
Que pensez-vous du projet d’une maison de l’organisation collective et qu’aimeriez-vous y trouver ?
De quoi auriez-vous besoin pour vouloir y participer et vous y sentir bien ?
A chaque entretien, il était précisé aux personnes interrogées qu’elles répondaient en leur nom propre, mais qu’elles situaient leur parole en explicitant avec précision le contexte de leur engagement. Les réponses collectées n’engagent donc pas des organisations, mais plutôt les personnes interrogées, avec leurs expériences singulières.
Nous avons enfin croisé ces témoignages en cherchant les tendances de fond qui se retrouvaient en filigrane de toutes les réponses, avec une attention particulière apportée à certaines idées inspirantes et aux anecdotes illustrant bien les tendances repérées.
Ces analyses nous ont permis d’avancer sur des pistes de travail, qui doivent à présent être mises en chantier !
Partie 2
Ce que vous nous avez dit
Connaissances et pratiques de l’organisation collective en France
Les organisations ayant une structure juridique avec des ressources humaines (salarié·es, bénévoles) et matérielles
Les organisations ayant une structure juridique avec peu de ressources humaines et matérielles
Les organisations sans structure juridique, centralisée ou décentralisée
Nous remarquons néanmoins un écart entre les rêves (l’envie de s’organiser de manière moins pyramidale, de toucher plus de monde en sortant de l’entre soi, de créer des alliances et de changer significativement les rapports de force) et la place ou les connaissances données à l’organisation collective.
En effet, peu d’organisations parviennent à activement travailler sur le développement d’une culture relationnelle solide basée sur l’engagement des premier·es concerné·es, avec des espaces d’échange, de formation et de montée en compétence et responsabilité.
« COMMUNITY ORGANIZING » UNE EXPRESSION RÉPANDUE MAIS MAL DÉFINIE
Sur l’ensemble des personnes interrogées, 16 disent avoir déjà été formées au community organizing et 11 disent l’avoir déjà mis en pratique. À cela s’ajoute 59 personnes qui disent déjà en avoir entendu parler, notamment à travers des lectures sur Alinksy, Obama ou Ocasio-Cortez.
Toutefois, on observe que le community organizing ne désigne pas le même objet selon les témoignages et les contextes militants. Par exemple, dans certains milieux cette méthodologie est synonyme d’organisation interne et de gouvernance partagée, tandis que pour d’autres elle désigne une nouvelle façon de penser les campagnes électorales.
Les obstacles qui limitent nos rêves
Les difficultés à mobiliser des personnes de manière pérenne
Une première difficulté concerne le recrutement, tant du point de vue quantitatif, avec une difficulté à mobiliser en masse pour créer un rapport de force, que qualitatif, avec des engagements qui peinent à se pérenniser, et des premier·es concerné·es qui soit restent éloigné·es des mouvements, soit se retrouvent sur-sollicité·es.
Les difficultés à créer un écosystème coopératif
« On a des ressources mais personne avec du temps dédié pour contacter les adhérent·es, les engager sur des actions hors comités, ou pour aller au contact et connaître le réseau pour engager les adhérent·es personnellement. C’est vraiment une question d’organisation dans un réseau où on aurait besoin de faire grandir le noyau dur, actif. »
Paul Froger,
animateur salarié à la Confédération Paysanne
« Il y a une vraie difficulté en France à s’auto-organiser collectivement. L’autonomie est comprise comme faire ce que l’on veut. On veut réinventer l’eau chaude et on se crame, alors qu’il existe des ressources et pratiques sur la stratégie politique, sur l’auto organisation et la culture régénératrice. »
Armelle,
Extinction-Rebellion
Les difficultés à construire une gouvernance adaptée
Les difficultés à faire émerger une culture d’organisation émancipatrice
Les relations internes sont souvent source de tensions. Les débats stratégiques ou théoriques sont nécessaires à la lutte. En revanche le manque de droit à l’erreur, l’exigence d’une « pureté militante », ou ce qu’on peut appeler le radicalisme rigide, sont souvent évoqués comme des facteurs d’épuisement (hyper vigilance) et de découragement (perfection inaccessible). La culpabilité ou la peur peuvent alors se traduire par une incapacité à se remettre en question, qu’elle soit individuelle ou collective, et par des querelles d’égo. A cela s’ajoutent les cas de violence, tel·les que les (micro)agressions et le (cyber)harcèlement, dont les milieux militants ne sont pas exempts, ainsi que la difficulté à gérer et transformer les conflits lorsqu’ils sont internes à nos communautés.
SOUFFRANCE ET ÉPUISEMENT MILITANT
Tous ces obstacles mènent à une dureté de l’engagement qui provoque une souffrance, individuelle et collective. Cette souffrance naît d’une part de la difficulté à concilier ses engagements militant et professionnel, qui se solde souvent par une surcharge et un épuisement physique et mental, qui peut être encore plus éprouvant quand les militant·es se retrouvent en situation de danger ou de cyberharcèlement. Elle naît d’une part du manque de reconnaissance financière ou symbolique de l’investissement et d’autre part, du double sentiment d’urgence et d’impuissance à faire changer les choses.
Nos besoins pour monter en puissance
INTÉRÊT POUR LES PISTES DE BESOINS PROPOSÉES
Cette liste des besoins proposés a été établie en s’appuyant sur l’expérience que nous avons des groupes qui cherchent à développer leur pouvoir collectif et qui se heurtent à plusieurs obstacles. Nous ne considérons pas qu’elle soit exhaustive, raison pour laquelle de l’espace était laissé durant l’entretien pour développer d’autres besoins
%
Recruter de nouveaux·elles militant·es pour développer votre base/communauté
%
Nouer des alliances avec d'autres associations/collectifs pour lutter ensemble
%
Remettre les premier.e.s concerné·e·s au cœur de votre action
%
Gagner en horizontalité sans perdre en efficacité
%
Lancer un processus d'écoute de votre base/communauté pour imaginer de nouvelles campagnes
%
Mieux structurer vos équipes de bénévoles pour les aider à monter en compétence et en assurance
%
Trouver le bon angle et le bon moment pour lancer une campagne victorieuse
%
Pratiquer l'éducation populaire pour développer la conscience politique de votre base/communauté
%
Ne se reconnaissent dans aucun de ces besoins
Les besoins matériels
Se structurer
S’allier
Echanger entre organisateur·trices pour prendre du recul
Retrouver du plaisir à militer
Monter en compétences et se former
Apprendre à mener et gagner des « batailles culturelles »
Se donner du temps
RÉSILIENCE ET INVENTIVITÉ
En réponse à ces besoins et ces difficultés, les personnes interrogées sont toutes déjà dans un processus de recherche et d’expérimentation. Quelle que soit la structure au sein de laquelle elles sont engagées, elles explorent les ressources sur l’organisation collective qui sont accessibles, créent de nouveaux outils et font évoluer leurs pratiques de lutte en s’appuyant sur leurs propres expériences ou celles observées ailleurs. Il s’agit donc de mutualiser, valoriser et diffuser cette résilience et cette inventivité.
« Nos milieux militants ont tendance à être des usines à burn-out. Il faut qu’on sorte de notre obsession de (seulement) faire masse, et d’avoir des pratiques qui font que trop de gens sortent des mouvements aussi vite qu’iels n’y sont entré·es. Et mettre de l’énergie pour construire des bases solides, une culture du soin, s’enraciner et construire des communs, sans se diluer ou perdre notre capacité à lutter et à être impactant·es. »
Isa Frémeaux,
Laboratoire d’imagination insurrectionnelle
« Je voudrais qu’on retravaille la base de l’organisation, à savoir les liens humains, la convivialité, la joie. Qu’on apprenne à retrouver le temps, collectivement, d’échanger et de lutter, ne pas être constamment épuisées. »
Julie Vaudois,
Planning Familial
Linh,
collectif PAAF
Lucy,
By2020 We Rise Up
Créer un espace ouvert pour échanger entre pair·es
Cet espace devrait affirmer une vision politique, à savoir lutter pour des changements systémiques, la justice sociale et écologique, la défense des communs. Un effort tout particulier devrait être mis en œuvre pour penser l’intersectionnalité des luttes.
Un tel espace devrait chercher à être « sécure », respectueux de valeurs promouvant entre autres l’inclusion, le respect, l’ouverture, la bienveillance, l’écoute, la convivialité, la transparence. La pratique de la mixité choisie 2 a aussi beaucoup été évoquée.
Un regard particulier devrait être apporté à l’accessibilité des activités proposées (flexibilité, gratuité, horaires compatibles avec une activité professionnelle, fréquence limitée), afin que cet espace soit véritablement ouvert et ne conduise pas à une forme d’entre-soi militant.
Fabien,
CCFD – Terre Solidaire
Jil,
Rencontres Féministes
INTÉRÊT DES PERSONNES POUR LES PISTES PROPOSÉES
%
Créer une communauté d'apprentissage et de partage autour de la pratique de l'organisation collective
%
Créer un espace où les militant·es puissent partager des récits de lutte
%
Mettre en place des formations d'introduction au community organizing
%
Organiser des formations approfondies sur les questions de recrutement, de structuration et de mobilisation des bénévoles
Certain·es l’imaginent comme un archipel d’activités distinctes et complémentaires, portées par différentes organisations. D’autres insistaient sur l’importance d’avoir un lieu physique plutôt que numérique, sortant des grands centres urbains et ancré dans un territoire. Ce lieu devrait s’appuyer sur des acteur·ices locales, souvent déjà impliqué·es dans des logiques d’auto-formation et de partage sur les questions d’organisation collective. Certain·es évoquaient l’idée d’avoir plusieurs maisons de l’organisation collective, là où les besoins sont exprimés.
Vincent Lillo,
Tables de quartier
Sara Hadji Rezai,
Powa
Partie 3
Ce que l’on peut faire aujourd’hui
Comment nous souhaitons avancer
Comment concrétiser toutes ces envies et besoins ambitieux ? Plutôt que de tenter l’impossible, nous préférons nous concentrer sur la série de « petits pas » que l’on pourrait accomplir, dès aujourd’hui. Nous voyons ce rapport comme une feuille de route vers une destination qui manque encore de clarté, mais avec des points de repère concrets :
Plutôt que de créer immédiatement la maison de l’organisation idéale, nous préférons avoir une démarche expérimentale, qui s’inscrit dans un esprit de recherche-action sur le temps long, avec des étapes successives
Plutôt que d’imaginer la maison comme un tout indissociable, nous nous inspirons de l’image de l’archipel
Pour que cet archipel soit habité, il faut y construire une communauté ouverte, responsable et généreuse, ce qui sera notre première priorité
Bien qu’il faille probablement créer certains espaces en ligne et au niveau national, nous entamons une réflexion sur les possibilités d’organiser cette communauté dans des lieux physiques et au niveau local
4 chantiers à explorer
1
DÉVELOPPEMENT D'UN PARCOURS DE FORMATION ET D'ACCOMPAGNEMENT
Cette campagne d’écoute nous a appris que, mis à part au sein de quelques grandes structures ou réseaux associatifs, peu de militant·es ont accès aux ressources nécessaires pour se former et maîtriser les bases de l’organisation collective. C’est pourquoi nous souhaitons créer un parcours de formation et d’accompagnement de 6 mois dédié à l’organisation collective. Ce parcours serait ouvert en particulier aux groupes militants qui ont difficilement accès à ces espaces et qui cherchent à gagner en puissance, à construire des alliances et à se structurer sur la durée. Nous imaginons des temps de formation, ainsi que de nombreux temps d’échanges entre les groupes, facilités par des outils d’éducation populaire, et des temps dédiés à l’accompagnement individuel par des organisateur·trices expérimenté·es.
2
CRÉATION D'UNE UNIVERSITÉ POPULAIRE DES LUTTES
3
ANIMATION DE TEMPS DE RECHERCHE ET DE PARTAGE ENTRE ORGANISATEURS·TRICES
4
APPROFONDIR LA CO-CONSTRUCTION ET L’ACCESSIBILITÉ DES TROIS AUTRES CHANTIERS
Conclusion
POSONS LES PREMIÈRES BRIQUES
Ce projet nous a permis d’échanger avec plus d’une centaine de personnes, membre de collectifs, d’associations, de syndicats, dans la France hexagonale. Réunir autant de personnes venant de différents horizons, qui nous ont fait confiance pour nous livrer leur témoignages, doutes et questionnements personnels fut déjà une belle victoire ! Nous avons aussi pu être témoins de l’enthousiasme que cette maison de l’organisation collective nourrit, car le projet est jugé comme étant réellement utile et stimulant.
Pour autant, il nous est apparu de plus en plus clairement que les besoins et envies exprimé·es rendaient ce projet très ambitieux. En effet, de nombreux éléments conditionnent le succès d’un tel lieu, notamment sa localisation, son accessibilité, son ancrage dans les dynamiques déjà existantes, son modèle de gouvernance etc.
Nous souhaitons prendre au sérieux ces conditions de réussite et prendre le temps de les réunir. C’est pourquoi nous considérons à présent que cette « maison de l’organisation collective » est davantage un horizon à atteindre qu’un projet réalisable dans l’immédiat.
Pour avancer pas à pas dans la construction de cette maison, tout en s’assurant de la robustesse de ses fondations, nous proposons de commencer par poser quelques premières briques, tout en contribuant à agrandir et renforcer la communauté des organisateur·trices. Ainsi, en complémentarité avec d’autres initiatives portées par des associations allié·es, nous entamons l’exploration de plusieurs chantiers à taille humaine : la création d’une université populaire des luttes (consacrée au partage des récits de luttes) et le développement d’un parcours d’accompagnement et de formation de 6 mois (conçu comme « porte d’entrée » dans le monde de l’organisation collective).