Lutter sans se cramer
Ou comment ne pas se sacrifier pour la cause et préserver son groupe sur la durée
Dans un contexte d’urgence, où les enjeux sont élevés et où nos forces sont minces, on peut être tenté·es de tout donner pour la lutte, au détriment de sa santé et d’un engagement stable sur le temps long.
Lutter sans se cramer, cela veut donc dire se préserver (soit, son groupe, son mouvement), mais aussi faire preuve de résilience (c’est-à-dire résister aux épreuves et tenir dans les moments difficiles). Surmonter les déconvenues, les impasses, la répression, les défaites, les conflits internes, tout cela pour continuer à se renforcer en tant que groupe et atteindre ses revendications.
Voici quelques pistes pour renforcer la culture de résilience de votre collectif. Ont participé à ce dossier : Camille Marronier, Mathilde Briend, Elijah Martin, Aude de Coustin, Alice Quillet, Jean-Michel Knusten et Chloé Rousset. Un grand merci à elleux!
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Se structurer pour mieux résister
Défaire le radicalisme rigide
Mesurer son ambition et calibrer ses revendications
Chapitre 1 Se structurer pour mieux résister Dépasser la tyrannie de l'absence de structure
Quelle différence entre la structure formelle et la structure informelle d’un groupe ? Pourquoi la structure informelle est-elle la plus fondamentale ?
Les questions de structure et de gouvernance sont aujourd’hui omniprésentes dans le monde militant : qui décide ? qui délibère ? qui porte la parole du groupe ? Toutefois, ces questions portent souvent sur la structure formelle des collectifs, au détriment de leur structure informelle.
La tyrannie de l’absence de structure
En Mai 1970, Jo Freeman (chercheuse et co-fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes) donne une allocution qui inscrit une rupture dans les choix stratégiques des féministes blanches états-uniennes.
Depuis sa création, le MLF rejette l’idée de « structure », jugée patriarcale, au profit de l’organisation de petits groupes informels et agiles. Or, si ce choix fonctionne pour la mise en oeuvre d’espaces de parole, il devient plus difficile à assumer pour les réunions de groupes d’actions, qui doivent sans cesse prendre des décisions tactiques et dépasser des désaccords.
Pendant plusieurs années, Jo Freeman est témoin des dysfonctionnements que peut entraîner cette « absence de structure ». Elle choisit alors d’en faire l’analyse et de proposer des alternatives qui ne retombent pas dans les écueils des structures traditionnelles.
Lire notre analyse détaillée de ce texte fondamental, accompagnée d’extraits choisis.
Le travail de Jo Freeman est extrèmement précieux parce que ses résultats sont contre-intuitifs. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, le problème de l’absence de structure n’est pas le chaos, mais plutôt la tyrannie :
Même sans structure formelle, un groupe a toujours une structure informelle : des personnes auront toujours tendance à prendre plus d’espace et à s’imposer lors des prises de décision ;
La structure informelle d’un groupe repose sur les privilèges de ses membres : Freeman observe que dans les groupes du MLF, ce sont surtout les femmes blanches de classe moyenne qui prennent le pouvoir ;
L’exercice informel du pouvoir par les plus privilégié·e·s est tyrannique : il n’existe pas de structure formelle démocratique pour s’assurer que la voix de tout le monde soit entendue et prise en compte.
La première traduction de ce texte est parue sur Infokiosque en 2003. Elle est téléchargeable ici.
Lorsque notre association a proposé une seconde traduction du texte de Freeman en 2018, nous avons fait un choix critiqué : traduire « structurelessness » par « horizontalité ».
Certes, ce choix ne colle pas à la lettre du texte (« structurelessness » étant traduit plus exactement par « absence de structure »). Mais il nous semblait pertinent, suite à l’émergence de mouvements comme Nuit Debout ou les Gilets Jaunes, de nous appuyer sur l’usage commun du terme « horizontalité », qui a plus souvent désigné l’absence de structure que la mise en place de structures d’inspiration sociocratique.
Notre intention, en mettant ainsi en avant le terme d’ « horizontalité », était de mettre en lumière la façon dont le travail de Freeman permet d’analyser, aujourd’hui encore, des mouvements sociaux qui rejetent la verticalité des structures associatives ou syndicales.
« Contrairement à ce que nous aimerions croire, il n’existe pas de groupes au fonctionnement « horizontal ». N’importe quel groupe d’individus – quel que soit sa nature, sa longévité ou son but – va inévitablement se structurer d’une manière ou d’une autre. »
Loin de porter des jugements sur les mouvements sociaux, ces analyses visent surtout à mettre en lumière des gestes stratégiques et leurs implications.
Pour nous, l’intérêt du discours de Freeman est surtout de porter un regard sur la structure informelle des groupes, qui est trop souvent ignorée. En effet, les questions d’horizontalité ne sauraient se résumer à des considérations techniques de gouvernance : il est important de prendre aussi en compte la façon dont les individus interagissent en dehors des structures formelles. Par exemple comment ils nouent des relations de confiance, d’entente et de coopération. Ce sont des déterminants de la résilience (ou non) d’un groupe militant.
La micropolitique des groupes
Conscient·e·s de l’importance que peut avoir la structuration informelle des groupes, des militant·es ont consigné dans des brochures, des récits de lutte ou des manuels de nombreux conseils pratiques pour créer les conditions d’un militantisme résilient.
Le militant David Vercauteren a étudié les « impensés » des collectifs militants : la répartition informelle des rôles, les soucis d’évaluation, les petits « fantômes » du passé qui viennent nous hanter pendant les instants critiques. Sa micropolitique des groupes est accessible gratuitement et en intégralité ici.
Sur ces thématiques, notre grande source d’inspiration est également la militante éco-féministe Starhawk, qui a su rassembler avec beaucoup d’humour et d’humanité ses expériences, trucs et astuces pour accompagner un groupe dans sa structuration.
Le manuel « Comment s’organiser ?« , rédigé par Starhawk, est aujourd’hui disponible en langue française aux Editions Cambourakis.
Ce manuel est accompagné d’un chapitre bonus de 70 pages, entièrement consacré à la question des réunions militantes constructives.
Année après année, nos recherches et notre travail d’accompagnement sur le terrain nous conduisent, nous aussi, à mettre en forme des conseils concrets sur la structuration informelle des groupe dans le monde militant francophone. Nous étudions en particulier la façon dont les groupes se dotent d’une culture relationnelle robuste, qui devient un creuset de solidarité et de résilience.
Pour approfondir ces questions de structure informelle et de culture relationnelle, vous pouvez suivre notre stage intensif de 4 jours.
Ces questions, à la fois complexes et en constante évolution, ne peuvent avoir de réponse définitive. Notre association s’inspire donc des principes de la recherche-action pour sans cesse réinterroger nos pratiques et être à l’écoute des autres praticien·nes qui expérimentent chaque jour de nouvelles façons de s’organiser.
L’étude de la structuration formelle et informelle des groupes militants est l’un de nos plus grands enjeux de recherche. Est-ce que vous souhaitez nous accompagner dans ce cheminement ?
Rejoignez notre équipe de bénévoles au sein de l’Université populaire des luttes ! [Pour nous écrire, c’est par ici]
Chapitre 2 Défaire le radicalisme rigide La pratique du militantisme joyeux
Vous est-il déjà arrivé de vous sentir mal à l’aise dans un collectif ? Comme si vous étiez jugé·e, scruté·e, évalué·e ? Cette atmosphère pesante a un nom : le radicalisme rigide.
Impression de ne pas assez maitriser les codes, de ne pas répondre aux attentes du groupe… Appréhension de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir les bonnes connaissances, peur de dire les mauvaises choses… Au lieu de créer un environnement basé sur la solidarité, la confiance, le soin, la force collective, le radicalisme rigide renforce une culture du sacrifice à la cause, de culpabilisation, d’épuisement, participant à la culture du burn-out.
Qu’est-ce que le radicalisme rigide ?
Ce concept a été formulé par deux chercheur·ses et militant·es canadien·nes : carla bergman et Nick Montgomery. Il désigne la façon dont un groupe militant peut être dominé par une culture du jugement et de l’élitisme :
« C’est l’appréhension vigilante des erreurs chez soi et les autres, le triste confort de pouvoir ranger les événements qui surgissent dans des catégories toutes faites, le plaisir de se sentir plus radical.e que les autres et la peur de ne pas l’être assez. »
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Le radicalisme rigide est comme une atmosphère oppressante, dont les résultats sont visibles (peur, méfiance, doute) mais dont les causes sont complexes et diffuses. Bergman et Montgomery nous mettent d’ailleurs en garde contre la tentation de pointer certains militant·es du doigts, ce qui renforcerait encore plus la culture du jugement et de la mise au ban.
D’autant que le pire jugement est celui que l’on s’impose à soi-même : suis-je assez radical·e ? Suis-je assez déconstruit·e ? Suis-je assez présent·e lors des actions collective ? Cette permanente inquiétude ne pas en faire assez, ou de ne pas être assez bien pour la cause que l’on défend, est l’une des premières sources du burn-out militant.
En 2018, le magazine féministe belge Axelle Mag publiait un dossier intitulé « Burn-out militant : changer le monde, oui, mais sans s’oublier ! »
Camille Wernaers y compilait en particulier des témoignages de militantes épuisées, tant par la multiplication de leurs tâches que par la constante culpabilité (qu’elles appellent leur « voix-militante-moralisatrice »).
L’article est disponible dans son intégralité ici.
Dans un contexte de montée en puissance des discours et actions xénophobes et de repli identitaire, s’organiser collectivement pour défendre la justice et la solidarité est vital. Mais nous sommes aussi engagé·es dans des dynamiques de luttes qui nécessitent de tenir dans le temps et de se renouveler. Face à cela, comment trouver la force de tenir dans le temps, face à cette tentation de la culpabilisation et du productivisme sacrificiel ?
Pour dépasser le radicalisme rigide, bergman et Montgomery proposent un concept qui ouvre l’horizon des possibles vers une culture militante plus ouverte, plus chaleureuse et plus inclusive : le militantisme joyeux.
Pratiquer le militantisme joyeux
Le monde militant peut être à ce point sérieux qu’il a fallu que la « joie militante » devienne un concept à part entière, comme pour nous rappeler que cette pulsion de vie doit être reconnue et pensée comme besoin fondamental des militant·e·s.
Certes, il nous faut être à la hauteur des enjeux de nos luttes, en respectant à la fois leur urgence et leur impérieuse nécessité. Mais bergman et Montgomery nous encouragent à trouver la joie qu’il y a dans l’action collective et la capacité à s’opposer ensemble aux formes d’oppression qui nous avilissent. Ni bonheur ni repli sur soi, la joie militante serait synonyme de puissance d’agir individuelle et collective, de capacité à s’affirmer dans le monde, à faire bouger les lignes mais aussi à être transformé.e par le monde qui nous entoure. Certaines choses augmentent cette puissance collective. Cette puissance se nourrit par exemple de l’émerveillement et la fierté des victoires remportées, du sentiment d’appartenance à un collectif qui nous dépasse, du fait d’agir en cherchant à préfigurer le monde que l’on souhaite… Cette joie nourrit nos luttes et nous permet de tenir dans le temps, d’être plus résilient.e, de faire communauté malgré les doutes et les difficultés.
A titre d’exemple, iels citent le mouvement Act Up, qui a su, dans le deuil et la maladie, créer une culture militante à la fois joyeuse et festive :
« Le militantisme d’Act Up n’a pas été seulement mu par la volonté d’être en confrontation ni de défier les conventions de la société hétérosexuelles ou du traitement politique traditionnel de l’homosexualité. Le mouvement a aussi créé une atmosphère queer chargée érotiquement, et des réseaux d’entraide et de soutien à ses membres qui tombaient malades. Catalysé par le deuil et la rage, il fit voler en éclats les horizons politiques et changea ce qu’il était possible pour les gens de penser, faire, et ressentir ensemble.«
Source : Joyful militancy, Chapitre 1, Carla Bergman et Nick Montgomery
Récemment traduit en français par Juliette Rousseau, « Joyful Militancy » est désormais accessible et peut donner lieu à de nouvelles analyses, qui explorent les façons dont la joie militante peut s’exprimer dans le contexte militant francophone actuel.
Lors d’un entretien avec les Editions du Commun, Juliette Rousseau revient sur la définition du radicalisme rigide et sur ce que Bergman et Montgomery appellent « le pouvoir de la confiance », terreau de la joie militante.
Un extrait de la traduction française de Juliette Rousseau (intitulé « le pouvoir de la joie ») est accessible sous forme de brochure ici.
A la lecture de cet ouvrage, on s’aperçoit que les inspiration de Bergman et Montgomery sont profondément philosophiques. Nietzsche et Spinoza en particulier les ont aidés à envisager la joie comme « puissance », et à penser la force de cette émotion politique.
Nous proposons une analyse détaillée de ce concept, assortie de nombreux exemples et de citations de l’ouvrage, dans un article intitulé « Pour un militantisme joyeux : repères théoriques et pistes concrètes« .
Ces réflexions sont utiles et importantes, mais nous avons aussi conscience que sur un tel sujet, ce sont avant tous les exemples qui comptent. C’est pourquoi, dans le cadre de nos collectes de récits de luttes, nous sommes particulièrement attentif·ves à la façon dont les militant·es formalisent ces enjeux de joie militante dans le cadre de leurs efforts d’organisation collective. A titre d’exemple, voici donc trois récits de luttes inspirants et plein de bons conseils sur la résilience des groupes militants :
Le Balai Citoyen du Burkina Faso est un mouvement citoyen qui a mis fin au régime despotique de Blaise Compaoré. Au coeur de son organisation : les « Clubs Cibal », qui réunissaient les jeunes dans la bonne humeur à travers tout le pays.
Le collectif C’est pas demain la veille ! a lutté contre la fermeture de la maternité de Le Blanc. Jamais à cours d’idées, ses membres ont su animer des actions collectives imaginatives et festives qui ont marqué les esprits.
Le Camp anti-autoritaire et anti-capitaliste VMC, qui a eu lieu à Bure en 2015, a du relever le défi d’organiser un espace ouvert et festif, tout en gérant des aspects logistiques particulièrement ambitieux.
Penser l’engagement dans le temps long
Nous pouvons parfois avoir l’impression d’être tiraillé·es par des vents contraires. D’un côté, nous devons réagir face aux abus et aux violences, répondre, manifester, bloquer, s’organiser dans l’urgence. Mais nous devons aussi, surtout, penser le temps long, ne pas nous cramer, lutter contre la culture du burn-out, continuer à construire et s’organiser collectivement pour faire monter en puissance les rapports de force. La joie militante nous invite à penser ce temps long, à faire preuve d’imagination, d’expérimentation pour continuer à grandir et lutter ensemble.
Et si nous pensions notre engagement et la vie de nos organisations et mouvements sociaux de manière cyclique ? Et si nous prenions un peu de distance avec l’injonction au productivisme pour sortir de l’été éternel, donner de la place à d’autres saisons et les vivre pleinement ? C’est la proposition originale de Carlos Saavedra, dont nous avons traduit l’article.
Nous avons aussi demandé à trois militant·es de nous partager leurs réflexions concernant cette proposition, afin de croiser les regards et les questionnements !
Penser le temps long implique de lutter contre quantité de facteurs d’épuisement qui nous imprègnent. Ceux-ci s’ancrent dans nos croyances et mythes sociétaux et irriguent nos relations collectives et interpersonnelles. Dans la course contre la montre, reprendre le temps de faire les choses est fondamental et politique, et c’est un acte de soin collectif.
Comment changer notre culture d’organisation collective afin que les enjeux de soutien émotionnel et psychologique soient réellement pris en compte, individuellement et collectivement ? C’est sur ce sujet que le réseau Soutien et Rétablissement travaille depuis 2015. Dans le cadre de ce dossier, nous sommes allé·es discuté avec iels.
Pour nous, le partage de ces récits de lutte inspirants est un élément-clé dans la diffusion de la joie militante. C’est pourquoi nous continuons à rassembler, analyser puis partager de tels récits, dans le cadre de l’université populaire des luttes. Envie de participer? Vous êtes la bienvenue! Pour nous écrire, c’est par ici !
En juin 2022, l’Université populaire des luttes a organisé une journée dédiée à la question de la joie militante et de l’organisation collective, à l’AERI (Montreuil). L’idée était de rassembler des personnes venant de différents contextes politiques et partageant une curiosité commune pour la joie militante. Cette journée a notamment donné lieu à :
Un atelier de trois heures mêlant arpentage, analyse des facteurs d’épuisement, victoire passées et présentes et rituels de célébration.
Une table ronde sur la place de la joie militante dans nos organisations collectives (avec le collectif RaiZes Arrechas, le collectif des sans papiers 75 et Extinction Rebellion). L’occasion de faire des liens entre organisation collective, luttes ancrées dans le temps long, soin et fête politique, décolonialisme…
Chapitre 3 Mesurer son ambition et calibrer ses revendications L'IMPORTANCE DE LA THéORIE DU CHANGEMENT
Parfois il nous arrive de perdre espoir et de penser qu’on n’y arrivera jamais : l’injustice est trop grande, nos forces trop petites. Comment dépasser cet abattement et poser les jalons d’une lutte soutenable sur la durée ?
Pour qu’un groupe soit résilient, il doit à la fois se donner un cadre de travail clair, mais aussi une série de jalons qui lui permettent de sentir qu’il avance dans la bonne direction.
La stratégie des petits pas
L’imaginaire militant est très influencé par l’idée qu’il y aurait des « instants décisifs » dans une lutte, c’est-à-dire des moments-clés où tout se joue : une grande marche, l’occupation d’un lieu, la diffusion d’une prise de parole importante…
Toutefois, dans les faits, les choses se passent souvent de façon moins spectaculaire. Il faut parfois plusieurs actions successives, suivies par plusieurs sessions de négociations, et plusieurs interventions dans les médias pour qu’un combat progresse.
Dès lors, il arrive que nous ayons des attentes qui ne soient pas en phase avec la réalité du terrain, et que la comparaison entre notre idéal révolutionnaire et le quotidien de la lutte nous désespèrent.
Dans ce contexte, il est particulièrement important de penser une lutte comme une série de petites victoires, comme autant de petits pas menant à notre revendication finale.
Un détour par la philosophie des Stoïciens peut nous aider ici, en nous permettant par exemple de distinguer notre « zone d’influence » et notre « zone de préoccupations ».
En guise d’exemple de cette stratégie des petits pas, on peut citer la méthode des chargées de campagne de la plateforme de pétition en ligne Change.org. Leur objectif initial n’est pas d’emblée de rassembler des millions de signatures, mais plutôt de se donner des objectifs atteignables et progressifs :
« Plutôt que de chercher à parler à tout le monde tout de suite, on va appliquer la logique des cercles concentriques pour établir quel public cible on veut toucher à chaque étape de notre mobilisation. Ça évite de se mettre la pression au début de la campagne, quand on se dit “ oh là là il me faut un million de signature!”. Et ça permet aussi d’avancer plus sereinement quand on voit peu à peu grossir sa pétition. »
Rédiger sa théorie du changement
Pour matérialiser la stratégie des petits pas, les militant·e·s peuvent se doter d’un outil bien utile : la « théorie du changement ». Il s’agit d’une sorte de feuille de route qui recense, au début d’une campagne, les différents jalons que l’on souhaite atteindre et les moyens que l’on va devoir mettre en oeuvre pour y parvenir.
Pour vous faire découvrir cet outil, nous vous proposons un atelier-éclair en ligne (à prix libre), qui combine temps d’apports et temps de mise en pratique :
L’un des principaux intérêts d’une théorie du changement et de préparer un document de référence auquel on puisse ensuite se référer pour s’évaluer collectivement sur la durée. Non pas pour juger son progrès, mais pour prendre ses marques, parfois réorienter sa stratéger et, surtout, mieux prendre le temps de célébrer ses victoires.
Pour aller plus loin sur cette question épineuse de l’évaluation, nous mettons à votre disposition un petit article qui résume quelques conseils pratiques.
Reconnaître, soutenir et mettre en réseau les organisateurs·ices
Nous défendons l’idée qu’il faut, dans les associations, les syndicats et les collectifs, former et reconnaître les militant·es en charge des questions de structuration et de construction du pouvoir collectif sur le long terme.
L'Université Populaire des Luttes
Traduire, rechercher, mettre en page et faire vivre notre communauté de bénévoles permet de garder en mémoire les récits de luttes, sources inépuisables d’espoirs et d’inspirations tactiques et stratégiques.
Dans un système politique prédateur dont l’un des objectifs est de nous priver de nos repères militants historiques, les moyens de financer ce travail de mémoire sont rares.
Pour nous aider à garder cette université populaire des luttes accessible gratuitement et contribuer à renforcer nos luttes et nos solidarités, faites un don !