Méthodes de travail de base et organisation populaire

Chapitre 6 Le pouvoir du peuple

Par Ranulfo Peloso

Mise en page : Secrétariat National MST
Commandes : Secrétariat national – secteur de la formation secgeral@mst.org.br
1ère édition – octobre 2009

Traduction finalisée en français en février 2023
par A l i c e  G r i n a n d  et  Y a n n  L e  B o u l a i r e

Tout pouvoir vient du peuple et par le peuple, il doit être exercé !

Celui qui pense posséder le peuple, en général, essaie d’annuler le pouvoir de la classe ouvrière. Par la répression, il essaie de contrôler sa force et par la résignation, il essaie de tuer son âme. Ainsi, on apprend au peuple à penser qu’il n’a aucun pouvoir et à avoir peur de vouloir le pouvoir. Dans cette école, il apprend que celui qui peut commander commande et que celui qui est raisonnable obéit. Et que le rôle du peuple est uniquement d’accepter le pouvoir imposé par l’ordre et de reproduire ce comportement dans la famille, au travail et dans la société. Lorsque le peuple n’exerce pas le pouvoir, quelqu’un-e d’autre l’exerce sur ce peuple domestiqué.

L’idée de réfléchir au pouvoir est de découvrir et de démasquer les mécanismes qui empêchent la classe opprimée de se développer dans son corps, son esprit et son cœur. En étudiant, on découvre que si le peuple connaissait la force dont il dispose, personne ne le dominerait. On découvre également que le grand n’est grand uniquement parce que le peuple est à genoux et que chaque fois qu’il s’abaisse, il abandonne son pouvoir. Et cette connaissance libère lorsqu’elle est comprise, assimilée et appliquée dans la vie personnelle, dans la vie sociale et dans la lutte des exploité-e-s contre les exploiteurs.

Le pouvoir dans la vie quotidienne

1. Chaque personne est unique : il n’y a pas deux personnes identiques. On s’identifie quand on se rencontre et qu’on entre en relation avec une autre personne. Dans cette relation, chaque personne affirme son originalité et apprend que le « je » n’existe que parce que le « tu » existe. Et le nous n’existe que parce que deux êtres humains décident ou sont forcés de se réunir et de se disputer.

2. Depuis l’enfance, on entre en conflit pour être reconnu-e. On a besoin d’être remarqué-e, de faire connaître ses préférences et de montrer son potentiel. On n’accepte pas d’être ignoré-e, mis-e à l’écart, traité-e comme un alien ou rabaissé-e. Pour obtenir et sécuriser notre territoire, on fait tout pour se faire une place : on ressent de l’envie, de la jalousie, on fait pression, on snobe, on manipule, on s’allie, on rivalise, on se chamaille, on se bagarre, on fantasme, on rêve…

3. Ces initiatives font partie de la lutte pour la survie, l’affirmation de l’identité et l’estime de soi. C’est la lutte pour le pouvoir. Lorsque quelqu’un-e ne se défend pas ou ne se bat pas pour sa dignité, iel a perdu la volonté de vivre ou est considéré-e comme un-e lâche. Faiblesse et audace contribuent à la formation du caractère d’une personne. S’il n’est pas juste de frapper, il n’est pas juste non plus d’être frappé-e.

4. Personne n’est une île. Et dans cette coexistence sociale, on apprend l’exercice du pouvoir. Dans une société où chacun-e agit selon sa cupidité, la loi du plus fort prévaut, la valeur de la richesse individuelle n’est pas reconnue et la division entre supérieurs et inférieurs se crée. Cela donne lieu à la domination de classe, à la discrimination de genre, aux préjugés ethniques et d’âge et à toutes les formes d’intolérance culturelle.

            Y a-t-il quelqu’un-e qui ne s’aime pas et qui ne veut pas être puissant ?

Toute personne a besoin d'avoir du pouvoir

5. Avoir du pouvoir fait partie de la nature humaine. Seule la personne qui a du pouvoir, individuellement ou collectivement, s’affirme et influence son destin et celui de la société. L’acte de penser, d’agir et de prendre des décisions fait de la personne le ou la protagoniste et contribue à son épanouissement personnel, et à la réalisation de l’Histoire. Au contraire, se sentir impuissant-e, c’est perdre l’espoir et n’être qu’un-e spectateur-trice, c’est s’annuler soi-même. Par conséquent, l’origine du pouvoir est dans la main de celles et ceux qui travaillent.

6. En vérité, chaque personne aime avoir du pouvoir et en est heureuse. Plus elle le nie, plus elle affirme son désir de pouvoir : personne ne veut disparaître – parle mal de moi, pourvu que tu parles de moi. Quiconque dit qu’iel ne veut pas de pouvoir en a déjà et ne veut pas le partager, ou est incompétent-e. Consciemment ou non, même la personne qui délègue son pouvoir ou renonce à des positions de commandement utilise un moyen d’avoir et d’exercer le pouvoir.

            Pourquoi les gens ont-ils peur d’avoir le pouvoir ?

Il est juste d'avoir du pouvoir

7. Avoir du pouvoir n’est pas un péché ; c’est un besoin et un droit pour tout un chacun. Parce que chaque personne est née pour briller et que plus il y a d’étoiles dans le ciel, plus la nuit est illuminée. Pour cela, la lumière est donnée et une lumière ne se cache pas, elle est placée en hauteur pour que toutes et tous la voient. Aujourd’hui, un message révolutionnaire consiste à proclamer aux opprimé-e-s : tu es capable, lève-toi, prends ton lit, il est temps de prendre le contrôle[1].

8. L’étrange n’est pas de désirer le pouvoir, l’étrange est d’insister sur la peur d’avoir du pouvoir. Il n’est nullement étrange de dire que tout pouvoir naît du peuple et doit être exercé par le peuple. L’étrange est de réduire le pouvoir au simple rituel de l’élection des représentant-e-s, comme si quelqu’un-e pouvait renoncer à son pouvoir. Sans compter que la plupart des élu-e-s sont compromis avec celleux qui dominent les richesses, les idées et les postes de décision.

Le peuple a-t-il besoin de représentant-e-s ? Pourquoi la majorité des élu-e-s appartient-elle à la classe des riches ?

 

[1]NdT : Passage original : « você é capaz, levanta, toma teu leito, é hora de assumir o comando ». Il pourrait s’agir d’un passage à connotation biblique, le terme de lit reste peu compréhensible.

Qu'est-ce que le pouvoir ?

9. Toutes les relations sociales sont imprégnées de, et impliquent du pouvoir, car le pouvoir consiste en la possibilité de décider de sa propre vie et de la vie d’un autre être humain. Le pouvoir est la capacité d’intervenir en obligeant, circonscrivant, interdisant, ou empêchant.

10. Celui qui exerce le pouvoir aujourd’hui soumet et infériorise les dominé-e-s, impose des faits, exerce un contrôle, revendique le droit à la punition et à la privation de biens réels et symboliques. En d’autres termes, il a du pouvoir, il domine. De cette position de pouvoir, il juge, condamne ou gracie. Et ce faisant, il accumule plus de pouvoir.

11. Le pouvoir est alors compris comme tel lorsqu’on s’approprie les richesses, en excluant la majorité. On exerce donc un pouvoir pour dominer, contrôler et diriger la vie de la majorité et pour exproprier ses biens matériels et symboliques.

12. Est donc puissante la personne qui possède des éléments de pouvoir en raison de sa classe, de sa richesse économique, sociale ou culturelle, de son genre, de sa nationalité, de son sexe, de la couleur de sa peau, de son âge, etc.

13. Tous les aspects de la vie sociale et culturelle sont des espaces de pouvoir : le travail, les activités vitales, la connaissance, la sexualité, les affections, les qualités, les biens et les possessions, le corps et la subjectivité, l’être humain lui-même et ses créations.

14. La possession privée de richesses, l’exclusion et la dépendance des pauvres structurent le pouvoir, dès son origine, et permettent sa reproduction. En ce sens, la classe opprimée a du pouvoir parce que le pouvoir se produit dans l’espace des relations sociales : chaque personne qui interagit, même sans le savoir, exerce un pouvoir. Le-a plus faible des opprimé-e-s a et exerce du pouvoir lorsqu’il devient un espace d’oppression de l’autre qui a besoin de lui pour exister.

Avez-vous du pouvoir ? Donnez des exemples

Le centre du pouvoir

15. Le pouvoir qui découle du peuple se cristallise dans les institutions civiles et étatiques et dans l’exercice de la direction et de la domination d’un groupe sur la société. Le pouvoir naît dans les relations sociales, mais il se trouve et s’étend dans la reproduction des sujets sociaux, qui sont situés dans l’espace public et dans l’espace privé. Mais l’État qui organise la société est l’entité qui administre et garantit les intérêts collectifs de la classe dominante.

16. C’est dans l’État, notamment ses institutions – l’exécutif, le parlement, le judiciaire, la bureaucratie, les impôts… et, surtout, le pouvoir militaire, que se concentre le véritable pouvoir. Quelqu’un a dit un jour que sans dénigrer l’intelligence, la diplomatie et la négociation, le pouvoir réside dans la bouche d’un canon, c’est-à-dire qu’avoir le pouvoir, c’est avoir pour soi la puissance des armes Celui qui produit, dirige, décide du projet et de l’utilisation de la force, a le pouvoir.

17. Au Brésil, l’État est la propriété privée de la classe bourgeoise. La lutte populaire ne devrait disputer l’espace public étatique que si elle est claire sur son propre projet de pouvoir et si elle préserve son indépendance politique. L’objectif de l’occupation de postes dans les institutions est d’accumuler des forces de transformation sociale. Il n’y a de gouvernement Populaire que lorsque le peuple prend le Pouvoir d’État. Et pour avancer, il faut toujours briser la barrière.

            Être au gouvernement signifie-t-il avoir le pouvoir ?

Le pouvoir corrompt-il ?

18. Dans l’effort de surmonter la culture du silence et l’impuissance populaire, on ne peut oublier les tentations du pouvoir. Parfois, les gens ont peur d’avoir du pouvoir parce qu’ils observent, dans la vie de tous les jours, une étrange façon d’avoir du pouvoir. L’histoire est pleine d’exemples où le prix à payer pour avoir plus et être plus était démesuré. Oui, le pouvoir peut corrompre.

19. Dans une société divisée en classes, les dirigeant-e-s piétinent le peuple, utilisent le pouvoir pour soumettre et exploiter la classe ouvrière. Certain-e-s leader-euse-s populaires reproduisent les pratiques de l’élite : iels concentrent également le pouvoir, utilisent des méthodes autoritaires et font de leur position leur gagne-pain. Par conséquent, le fait d’avoir du pouvoir entraîne de nombreux défis.

20.De plus, même dans les organisations populaires, celui qui assume une position de pouvoir a tendance à tout faire pour tirer profit de la situation, de continuer à exercer ses fonctions et même de gravir les échelons. Si nécessaire, il fait des coups bas, conclut des alliances louches, vend son âme, perd sa morale et ternit ses convictions. La corruption – financière, politique et morale – commence lorsqu’une direction se distancie du peuple et de ses intérêts et commence à considérer la fonction comme une profession et le pouvoir comme un privilège individuel.

Que peut-on faire pour que le pouvoir ne corrompe pas ?

Le Nouveau Pouvoir

21. Le pouvoir, en tant qu’auto-affirmation des personnes et des classes, devrait être défini par le positif et n’impliquer l’oppression de personne. La classe opprimée doit aspirer à ce pouvoir. Les abus dans l’utilisation du pouvoir ne peuvent justifier la peur de vouloir le pouvoir. Mais pour une nouvelle société, le pouvoir ne doit pas perpétuer la posture d’un chef traditionnel, arrogant et distant. Il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme.

22. Sans naïveté et avec fermeté, le défi permanent du nouveau style de leadership sera de coordonner sans autoritarisme, de conduire sans manipulation, de commander en partageant[2]* le pouvoir, d’établir et de faire respecter les accords collectifs, au-dessus des vanités et des caprices individuels. Ce pouvoir est encore en construction ; c’est une aspiration dotée de quelques expériences, individuelles et collectives, et de quelques éléments développés.

23. Un nouveau type de démocratie basée sur la confiance s’inscrit dans cette construction. Il y a des personnes qui n’ont jamais été élues et qui ne se considèrent même pas comme des dirigeant-e-s. Cependant, elles ont le pouvoir de direction, car dans les périodes de propagande ou dans les périodes de lutte, elles assument les travaux les plus difficiles, elles vont dans les endroits les plus exposés et leur activité est la plus fructueuse. Cette primauté n’est pas le résultat de leur volonté, mais de la confiance des camarades qui entourent son intelligence, son énergie et son dévouement.

24. Le nouveau pouvoir est un processus d’apprentissage. En participant à une action ou à un groupe, on apprend à écouter et à parler, à être d’accord et à être en désaccord, à contester et à négocier, à gagner et à perdre, à faire et à prendre des responsabilités, à décider et à exécuter, à proposer et à exiger, à commander et à obéir. Cette pratique stimule l’ambition d’être des personnes et d’avoir du pouvoir collectivement. Dans ce processus, on grandit et on se découvre soi-même, les autres et le monde et on apprend à utiliser le pouvoir au service d’une révolution sociale.

Donnez des exemples de pouvoir partagé

[2]*Ici, l’auteur écrit comordenar au lieu de coordenar, comduzir au lieu de conduzir, et met en exergue dans commandar compartilhando le préfixe com-, com signifiant « avec » en portugais [NdT].

Déconstruire le Vieux Pouvoir

25. Pour transformer les personnes en sujets, il est nécessaire de démanteler les mécanismes qui reproduisent la dépendance, l’impuissance et la servitude en tant qu’éléments du pouvoir qui ont été structurés dans la classe opprimée. Soumis à ces formes de pouvoir, les gens exercent le pouvoir de manière inconsciente. Pour déconstruire le pouvoir qui structure les opprimé-e-s et construire le pouvoir comme instrument de vie solidaire, il est nécessaire de prendre conscience de la dépendance vitale, de l’impuissance apprise et de la servitude volontaire.

26. La dépendance vitale – Le pouvoir, aujourd’hui, est oppressif parce qu’il concentre le pouvoir de classe et les pouvoirs nationaux, ethniques, culturels, sexuels et patriarcaux. La dépendance vitale est économique et dépend de la classe sociale. Mais il existe d’autres formes de dépendance : sociale, juridique, affective, érotique, politique… Il est donc possible de remplacer une dépendance par une autre, comme s’il s’agissait d’un mécanisme de reproduction de la dépendance.

27. L’impuissance apprise – L’impuissance est l’expropriation de la capacité de pouvoir : la personne passe outre le « je peux » et développe le « je peux donner du pouvoir aux autres ». L’impuissance apprise n’a pas besoin d’un juge – la personne est déjà sa propre police pour s’autocontrôler et s’autocensurer.

28. La servitude volontaire – La classe opprimée est construite comme un serviteur, dans une relation de domination, soumis à la domination de l’élite, infériorisé Ce mécanisme se reproduit inconsciemment, au cours des siècles sous forme de servitude volontaire. Plus les relations de pouvoir sont autoritaires et économiquement arriérées, plus les traits irrationnels de ce type de servitude sont importants.

Parlez des mécanismes utilisés pour priver les pauvres de leurs droits

La prise de pouvoir

29. La classe ouvrière doit conquérir le pouvoir d’État si elle veut se réapproprier la richesse produite par ses mains et construire une société sans exploitation. Ce n’est qu’avec une force politique qu’il est possible de conquérir l’État, de contrôler la production sociale et de garantir la qualité de vie des habitant-e-s d’une nation.

30. Pour prendre le pouvoir, il est nécessaire de mobiliser de nombreuses personnes de la classe ouvrière prêtes à transformer de façon radicale les structures de la société capitaliste. Par conséquent, la destruction du pouvoir bourgeois, le contrôle de l’appareil d’État et la victoire du Pouvoir populaire seront un chemin long et difficile.

31. La transformation radicale des structures de la société capitaliste ne se limite pas aux moments décisifs de la lutte populaire. Elle passe aussi par l’élaboration d’un projet, le choix d’une stratégie de lutte pour le pouvoir et l’organisation des outils qui aident à la conquête du pouvoir.

Affûter les outils pour conquérir le pouvoir

32. La finalité des outils organisationnels est de réveiller le protagonisme populaire. Au début, cela se fait par le biais d’associations, de mouvements, de syndicats… qui sont des parties du peuple qui se soulèvent contre l’injustice et l’oppression et luttent pour des objectifs immédiats pour un groupe ou une catégorie professionnelle. Mais, la lutte politique pour une nouvelle société est plus grande et plus complexe que la lutte économique de la classe ouvrière contre les patrons et le gouvernement.

33. Le mouvement populaire est la juste réaction, spontanée ou organisée, pacifique ou violente, de la classe opprimée contre différentes formes d’injustices. Cette réaction peut être contre une exploitation économique, un abus de pouvoir, une manipulation idéologique ou un préjugé de couleur, de sexe, de religion, d’âge… Mais l’indignation populaire n’est que le germe d’une lutte consciente.

34. Certaines émeutes reflètent un éveil de la conscience car les ouvriers et les ouvrières et les paysannes et les paysans perdent leur croyance habituelle en la pérennité du régime qui les opprime ; iels commencent non pas à comprendre mais à ressentir la nécessité d’une résistance collective et rompent délibérément avec la soumission servile aux autorités. C’est plus une manifestation de désespoir et de vengeance que de lutte.

2016.05.19 – Porto Alegre/Brésil – Ramiro Furquim/Jornal Já

La lutte syndicale

35. Le syndicalisme se bat pour diminuer les effets de l’exploitation économique. Le mouvement syndical se bat pour les droits et constate que la classe patronale exploite la classe ouvrière. Il s’organise donc pour obtenir des améliorations des conditions de vie et de travail. La lutte économique est la lutte collective des travailleuses et travailleurs, contre les patrons, pour vendre avantageusement leur force de travail et améliorer leurs conditions de vie et de travail.

36. Certaines luttes montrent déjà des bribes de conscience et peuvent être des embryons de la lutte de classe. Jusque-là, ce n’est pas encore des luttes socialistes, elles marquent seulement le réveil de l’antagonisme entre travailleur-euse-s et patrons. La conscience de l’opposition irréductible de leurs intérêts à l’ordre politique et social actuel n’existe pas encore parce qu’iels n’ont pas de conscience socialiste.

37. La lutte économique ne remet pas en cause la manière dont la société, divisée en classes, est organisée. Elle unit, clarifie, dénonce et combat les effets, mais ne s’attaque pas à la racine du problème. La lutte revendicative va jusqu’à apprendre au peuple à pêcher[3], mais comme elle cherche la conquête d’intérêts immédiats, elle ne fait que rafistoler le système dexploitation.

[3] NdT : Référence au proverbe : « Donne un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour. Apprends-lui à pêcher, tu le nourris pour la vie. »

La lutte politique et l'Instrument politique

38. Le peuple comprend la politique comme un processus électoral. Seul le militantisme enseigne qu’il faut un Instrument Politique qui formule un projet politique pour construire la nouvelle société. Le mouvement politique est formé par des personnes conscientes et y participent celles et ceux qui découvrent les racines de l’exploitation et organisent leur action pour transformer la société capitaliste. Sans changer la société, divisée entre exploité-e-s et exploiteurs, le peuple continuera à être opprimé.

39. L’organisation socialiste dirige la lutte de la classe opprimée, non seulement pour obtenir des conditions avantageuses dans la vente de la force de travail, mais pour l’abolition de l’ordre social qui oblige les non-possesseurs à se vendre aux riches. Elle représente la classe ouvrière par rapport aux employeurs, à toutes les classes de la société et à l’État en tant que force politique organisée.

40. Le militantisme, impliqué dans les mouvements, a appris qu’en plus de donner du poisson et de satisfaire la faim, il est nécessaire d’apprendre aux gens à pêcher pour sortir de la dépendance et à reprendre les rivières qui sont devenues la propriété des puissants. C’est pourquoi elle crée un instrument politique pour faire mûrir le mouvement de masse et aider le peuple à comprendre la réalité, à se soulever et à transformer la société divisée en classes.

41. Le défi pour le militantisme est de renforcer le mouvement populaire afin qu’il ait l’énergie nécessaire pour construire une nouvelle proposition avec une base intellectuelle, morale et politique. Parce que le changement structurel du capitalisme ne se fait pas seulement avec des petites réformes. Cependant, elles sont indispensables pour accumuler de la force, de l’apprentissage et une conscience politique de la transformation.

Dites la différence entre réforme et révolution

Construire, conquérir et prendre le pouvoir

42. Il n’y a pas de contradiction entre le fait d’avoir du pouvoir, de construire le Pouvoir Populaire et de conquérir le pouvoir politique de l’État, si ces efforts impliquent le développement de territoires et d’espaces d’autonomisation de la classe ouvrière. L’exercice de l’auto-organisation, la résolution de problèmes quotidiens, le processus de qualification du militantisme peuvent être des exemples pédagogiques et des expériences concrètes d’un nouveau pouvoir.

43. Si l’objectif est de sortir de la logique et de la domination du capital, et de promouvoir la participation démocratique et la souveraineté populaire, la conquête du pouvoir d’État et la construction quotidienne du pouvoir populaire sont interdépendantes Ce qui ne peut être perdu de vue, c’est la centralité du pouvoir concentré dans l’État.

Indiquez la particularité et l’importance de chaque outil pour une organisation populaire.

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