Synthèse du texte
Voici une liste de 8 bandes dessinées qui permettent de découvrir l’organisation collective au prisme de récits de lutte. En alliant recherche instructive, écriture profonde et esthétique graphique, ces productions rendent compte d’expériences militantes réalistes et inspirantes pour nos engagements de demain. Certaines de ces oeuvres mettent la focale sur le parcours de vie d’un·e figure militant·e fictive (JOURNAL D’UNE FEMEN de MICHEL DUFRANNE et SÉVERINE LEFEBVRE / 2014), éminente (WAKE UP AMERICA de JOHN LEWIS, ANDREW AYDIN et NATE POWELL / 2014 sur John Lewis) ou oubliée au contraire (NOIRE, LA VIE MÉCONNUE DE CLAUDETTE COLVIN d’ÉMILIE PLATEAU) / 2019). D’autres partagent les mobilisations de citoyen·nes face à des décisions injustes. PLOGOFF de DELPHINE LE LAY et ALEXIS HORELLOU (2018) retrace la lutte des habitants de Plogoff (en Bretagne) contre la construction d’une centrale nucléaire aux abords de leur village. JOHNSON M’A TUER de LOUIS THEILLIER (2014) et LIP, DES HÉROS ORDINAIRES de LAURENT GALANDON et DAMIEN VIDAL (2014) relatent eux des combats d’ouvrier·es face à la fermeture de leur usine.
Enfin, les dernières BD proposées présentent un panorama d’une action collective sur le long terme. Sur le monde ouvrier à nouveau, WOBBLIES – UN SIÈCLE D’AGITATION SOCIALE ET CULTURELLE AUX ETATS-UNIS (PAUL BUHLE et NICOLE SCHULMAN / 2019) fait état de l’inventivité militante des Industrial Workers of the World, syndicat anarchiste d’ouvriers étatsuniens au XXème siècle. Quant à LA COMMUNAUTÉ de TANQUERELLE ET YANN BENOÎT (2010), elle retranscrit l’expérimentation d’une communauté de vie en 1972, à travers le témoignage de l’un de ses fondateurs soixante-huitards.
Dans le cadre de mon constant travail de recherche sur les récits de lutte, j’aime explorer tous les supports à ma disposition : recherche académique, documentaire vidéo, roman, émission radio et même parfois… bande dessinée.
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Le partage de BD, enjeu d’éducation populaire
Le récit graphique est à la mode depuis quelques années. Et les vitrines des librairies se sont peu à peu remplies d’une myriade d’ouvrages proposant de retranscrire en image des témoignages, des enquêtes ou encore des docu-fictions.
Par exemple, des auteurs tels que Philippe Squarzoni (avec Dol, Saison Brune ou encore Garduno) et Etienne Davodeau (avec Les Mauvaises Gens, Les Ignorants et Un Homme est Mort) se sont ainsi fait une place à part entière dans le monde des phylactères, en mariant avec finesse un propos politique exigeant et une mise à l’image inventive.
De même, le BD-journalisme, soutenu par des médias tels que l’excellente Revue XXI, est aujourd’hui devenu une forme de reportage à part entière, grâce à laquelle on peut avoir la chance de se plonger dans l’extraordinaire bataille des Fralibs de Marseille.
Malheureusement, tous les documentaires graphiques ne sont pas de cette qualité. Et, au-delà de quelques références déjà bien connues, il peut être difficile de trouver des bandes dessinées alliant talent de recherche, profondeur d’écriture et force du dessin.
C’est pourquoi j’ai commencé à activement rechercher des petites pépites dont les non-initiés n’auraient pas entendu parler. La bande dessinée est un support facile d’accès, mais également un médium idéal pour découvrir des réalités de l’organisation collective, en s’immergeant dans des récits de lutte parfois aux antipodes de notre champ d’expérience quotidienne. Faire circuler des récits de lutte en bande dessinée est ainsi, d’une certaine manière, un petit effort d’éducation populaire.
Je propose alors, dans le présent article, une petite recollection de 8 récits d’expériences militantes qui, loin des discours théoriques, peuvent nous inspirer et nous donner une multitude d’idées nouvelles pour enrichir notre engagement quotidien.
Comment choisir ?
Afin de rassembler cette petite liste de bande dessinées, j’ai lu près d’une quarantaine d’ouvrages. Mes critères de sélection – dont je reconnais volontiers la subjectivité – ont alors été les suivants :
- L’ouvrage doit être accessible facilement en langue française
- Le récit doit, autant que possible, tendre vers le réalisme et ne pas donner ni dans le romantisme militant, ni dans la victimisation des premiers concernés
- Le travail graphique doit être de qualité, et ne pas se contenter de placards de texte agrémentés d’illustrations exécutées à la va-vite
- L’expérience de lecture doit être instructive, et apporter une forme de découverte ou de réflexion sur l’engagement militant et les tactiques de lutte
Le cadre est posé. Nous pouvons maintenant passer à la liste elle-même.
8. « Johnson m’a tuer » (de Louis Theillier)
· Album :
96 pages
· Editeur : Futuropolis
· Date de publication : 5 mai 2014
De quoi ça parle ?
Le 31 janvier 2011, l’entreprise Johnson Mattey (multinationale dont le siège est en Angleterre) annonce la fermeture de son usine de pièces automobiles implantée en Belgique. Bien que largement bénéficiaire, le groupe considère que le site n’est assez rentable et fait le choix de délocaliser en Macédoine, mettant ainsi ses 300 employés sur le carreau.
Sous le choc, Louis Theillier, qui fait partie des licenciés, décide de dessiner ce qu’il voit avec un simple stylo Bic. De jour en jour, les planches s’accumulent et deviennent une véritable chronique de la lutte syndicale qui s’engage.
Pourquoi c’est bien ?
Au moment des faits, Louis Theillier n’est pas dessinateur professionel ni journaliste. C’est un travailleur comme les autres, qui témoigne, en utilisant la BD reportage comme outil de lutte. Et il fait le choix de raconter tout qu’il voit. Pas de longs discours sur la fraternité ouvrière ni d’ellipses dissimulant les (nombreux) moments de creux pendant le bras de fer avec le patron. Juste des individus qui doutent, ballotés par les évènements, sans trop savoir comment tout cela se terminera.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
De bien des façons, la lutte des ouvriers belges contre la fermeture de leur usine est un exemple archétypique des innombrables conflits liés aux délocalisations. Et l’on s’aperçoit que, d’années en années, le patronat a acquis une véritable expertise dans la gestion de ces conflits. Pillage de l’entreprise, coup fourrés, mensonges, division des travailleurs : tout est minutieusement préparé (des mois voire des années en amont) pour empêcher les travailleurs de s’opposer efficacement à la fermeture du site.
7. Journal d’une Femen (de Michel Dufranne et Séverine Lefebvre)
· Album : 122 pages
· Editeur : Le Lombard
· Date de publication : 11 septembre 2014
De quoi ça parle ?
Pendant deux années, Michel Duffranne a passé plusieurs centaines d’heures à interviewer des membres du mouvement Femen, afin de comprendre et de partager leur combat quotidien.
Conscient de sa posture d’homme (et des limites qu’elle impose), il a fait le choix de recourir au docu-fiction pour raconter un parcours de militante, de sa découverte du mouvement à ses premières actions au sein de celui-ci.
Pourquoi c’est bien ?
Je dois avouer que, lors des premières pages de l’ouvrage, j’ai failli en abandonner la lecture. Car le scénariste a choisi – avec raison – de commencer son récit par une suite de « situations-type » décrivant les violences physiques et psychologiques vécues quotidiennement par les femmes. Malheureusement, tout cela est fait avec une certaine maladresse qui véhicule bon nombre de stéréotypes (tant féminins que masculins).
Néanmoins, dès que l’héroïne entre en contact avec le collectif Femen, la lecture devient passionante. On découvre, dans le détail, le recrutement des militantes, leurs entraînements hebdomadaires ainsi que leurs actions collectives.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
Il est clair que la stratégie des Femen est plus proche de l’activisme traditionnel que de l’organisation collective. Actions directes symboliques et médiatisation sont les deux piliers de leur théorie du changement. Toutefois, il est particulièrement intéressant de prêter attention à la culture de leur organisation. Leur structuration, leur discipline militante, leurs rituels (en particulier les entraînements physiques) sont uniques et peuvent nous aider à imaginer de nouvelles façons de cimenter une communauté de lutte ou de préparer des actions collectives exigeantes.
6. Plogoff (de Delphine Le Lay et Alexis Horellou)
· Album : 189 pages
· Editeur : Delcourt
· Date de publication : 20 juin 2018
De quoi ça parle ?
En 1979, les habitants de Plogoff, en Bretagne, découvrent que le gouvernement veut construire une centrale nucléaire aux abords de leur petit village. Après de nombreuses réunions d’information, ils décident de s’opposer au projet et de faire barrage aux agents d’EDF. Un bras de fer s’engage alors avec le gouvernement.
Pourquoi c’est bien ?
Avant de me plonger dans ce documentaire graphique, j’ignorais tout de Plogoff et de sa lutte. J’ai été à la fois stupéfait et impressioné par l’ampleur de ce mouvement social, aussi marquant que l’occupation du plateau du Larzac ou la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Entre violences policières et brutalité de la bureaucratie d’Etat, les similitudes avec bon nombre de combats actuels sont flagrantes.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
A la lecture de cet ouvrage, je vous encourage à être attentifs à deux phénomènes particulièrement intéressants. D’une part, il est clair que le mouvement n’a pas débuté de façon spontannée. Avec un peu de recul, on peut lire entre les lignes qu’un véritable effort d’organisation était à l’oeuvre et que des associations écologistes et anti-nucléaires avaient envoyé des militants sur place avec comme objectif de faire un véritable travail d’organisation collective. D’autre part, on retrouve à Plogoff une escalade dans la violence comme celle qu’on a récemment pu observer sur la ZAD ou pendant les rassemblements de Black Blocs. Je n’adhère pas du tout à l’idée qu’il existe une violence légitime, même pour dégrader de simples biens matériels. C’est pourquoi il m’a semblé intéressant de regarder comment cette culture de la violence peut, très lentement, s’installer au coeur d’une communauté, jusqu’à complètement la déborder.
5. Wake up America (de John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell)
· Album : 3 tomes de 150 pages environ
· Editeur : Rue de Sèvres
· Date de publication : 8 Janvier 2014
De quoi ça parle ?
Il s’agit de l’autobiographie de John Lewis, l’une des figures les plus importantes du mouvements pour les droits civiques aux Etats-Unis. Le récit commence pendant son enfance, et se conclut par la ratification du Voting Rights Act de 1965.
Cette fresque en 3 tomes, qui compte plus de 550 planches au total, retrace ainsi dans le détail la longue route des afro-américains pour l’obtention du droit de vote effectif.
Pourquoi c’est bien ?
Il s’agit d’un véritable comic book à l’américaine : le trait est vif, la narration dynamique et les auteurs ne tombent jamais dans les travers de la « BD éducative », figée et sans saveur. John Lewis contribue d’ailleurs à cette légèreté en partageant des anecdotes intimes et amusantes. Sans négliger la gravité des faits qu’il relate, il restranscrit avec beaucoup d’humanité les aspects parfois triviaux de la lutte.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
Cette BD est presque un manuel de community organizing ! Tout y est : la planification du changement, le patient travail d’organisation, l’enchaînement des actions collectives, la négociation avec les décideurs… tout cela jusqu’à la victoire. Des rues de Montgomery jusqu’aux marches du Capitole, on voit peu à peu la communauté afro-américaine se structurer, se former, monter en puissance et dépasser ses peurs.
Cet article de l'Université Populaire des Luttes
4. Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin (d’Émilie Plateau)
· Album : 136 pages
· Editeur : Dargaud
· Date de publication : 18 janvier 2019
De quoi ça parle ?
– Le 2 mars 1955, dans le bus de 14h30, Claudette Colvin refuse de céder son siège à un passager blanc.
– Claudette… Colvin ? Vous voulez dire Rosa Parks !
– Ah non, Rosa Parks a refusé de céder son siège le 1er décembre 1955, dans le bus de 18h00, soit près de 9 mois après Claudette Colvin.
– Mais pourquoi les livres d’Histoire ont-ils retenu le nom de Rosa Parks mais pas celui de Claudette Colvin ?
– C’est justement tout l’objet de cette bande dessinée, adaptation de la biographie éponyme écrite par Tania de Montaigne (et ayant reçu le prix Simone Veil en 2015).
Pourquoi c’est bien ?
Bien qu’abordant le même sujet, cette bande dessinée est presque l’exacte inverse de « Wake Up America ». Car tandis que John Lewis aime à rappeller qu’il est le dernier membre vivant des Big Six (les six présidents des plus grandes organisations afro-américaines), « Noire » nous rappelle plutôt que ce petit club était uniquement constitué d’hommes. Quelle était alors la place des femmes dans le mouvement des droits civiques ?
Cette bande dessinée, d’une grande douceur, est pourtant la plus tragique et la plus poignante de toute cette liste. Car elle participe à ce qui pourrait devenir une contre-histoire des mouvements sociaux. Un récit qui soit celui des oubliées de la « Grande Histoire Militante ». Celles qui ont été les dominées des dominés.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
« Noire » n’est pas, en tant que tel, un récit de lutte. C’est plutôt un coup de projecteur sur la brutalité que les militants peuvent se faire subir entre eux. Car il est si facile de justifier des comportements indignes sous prétexte de « l’urgence », des « enjeux » ou du « caractère exceptionnel » des évènements.
L’histoire de Claudette Colvin est comme un aide-mémoire, un garde-fou qui nous rappelle que tout collectif militant se devrait d’être inclusif, ouvert, bienveillant, ne pas considérer que « la fin justifie les moyens » ni même que les autres puissent être ces « moyens ».
3. Lip, des héros ordinaires (de Laurent Galandon et Damien Vidal)
· Album : 176 pages
· Editeur : Dargaud
· Date de publication : 20 mars 2014
De quoi ça parle ?
Au début des années 1970, Lip est une manufacture horlogère dont les 1300 emplois sont vitaux pour la ville de Besançon. Toutefois le capital de l’entreprise, lui, est majoritairement suisse. Et il se trouve justement qu’en Avril 1973, les actionnaires décident de fermer le site. S’ensuivent 329 jours de lutte pour sauver l’usine.
Pourquoi c’est bien ?
Les auteurs ont choisi d’écrire un documentaire fiction dont l’héroïne – Solange – vit un parcours politique affectant à la fois sa vie de travailleuse mais aussi sa vie de femme. Outre la lutte syndicale, on découvre ainsi la vie en province dans les années 70, après que l’enthousiasme de Mai 68 se soit estompé.
Au milieu de cette morosité, l’audace des ouvriers de Lip impressionne et inspire. Et c’est un vrai plaisir que de découvrir la culture bienveillante et rigoureuse que des travailleurs avaient su instaurer, même dans ce moment de crise.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
La particularité de Lip, c’est que les ouvriers ont fait le pari de l’autogestion. S’appuyant sur le stock qu’ils avaient confisqué, ils ont transformé leur usine en une coopérative ouvrière éphémère, et généré du revenu pour tenir pendant leurs négociations avec leur patron.
De même, les ouvriers de Lip ont su très rapidement bénéficier de la solidarité nationale pour tenir dans la durée. De façon concertée et réfléchie, ils ont développé une stratégie de communication efficace. A mesure que leurs porte-paroles arpentaient la France, ils participaient à des débats sur leur combat et recrutaient ainsi de nouveaux soutiens.
2. Wobblies – Un siècle d’agitation sociale et culturelle aux Etats-Unis (sous la direction de Paul Buhle et Nicole Schulman)
· Album : 320 pages
· Editeur : NADA Editions
· Date de publication : 28 mars 2019
De quoi ça parle ?
Les wobblies, c’étaient les membres du IWW (Industrial Workers of the World), syndicat anarchiste créé en 1905 aux Etats-Unis. Leur vision était de rassembler en un seul grand syndicat toute la classe ouvrière, afin d’abolir le capitalisme, l’Etat et le salariat.
Et leur stratégie ? D’abord organiser et former les travailleurs les plus pauvres des Etats-Unis, des couturières aux bûcherons en passant par les ouvriers agricoles. Puis passer à l’action directe : grèves, boycotts, sabotages.
Cet ouvrage relate, de façon documentée et chronologique, l’histoire du IWW et de ses membres, au travers de leurs débats, leurs luttes mais aussi de leurs souffrances face aux incessantes répressions.
Pourquoi c’est bien ?
Dans cet ouvrage hors-normes, quelques grands noms de la BD américaine se sont passé le mot pour bâtir un objet graphique non-identifié, à mi-chemin entre l’hommage, le manuel d’Histoire et le pamphlet anarchiste.
Chaque chapitre s’ouvre par un véritable exposé historique qui, à la manière d’Howard Zinn lève le voile sur des pans entiers de l’histoire populaire américaine. Par exemple, saviez-vous qu’en 1908, des wobblies de Chicago avait créé une « Université des Sans-Abris » ? De même, aviez-vous déjà entendu parler de Mary Harris Jones, militante qui, à l’âge de 73, avait organisé une marche d’enfants ouvriers jusqu’à la résidence d’été du président Théodore Roosevelt ?
Cette bande dessinée, sous ses airs de pavé universitaire, est une véritable pépite remplie d’anecdotes inspirantes et d’idées stratégiques qu’il serait aujourd’hui intéressant de revisiter.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
Les wobblies étaient littéralement une armée d’organisateurs (et d’organisatrices !), qui avaient dédié leur vie à une lutte sans relâche contre l’élite politico-économique des Etats-Unis.
Cette bande dessinée est une sorte de grande galerie des portraits de tous les héros de la classe ouvrière américaine, avec à chaque fois le récit de leurs luttes les plus mémorables.
Où que le regard se pose, on trouve une tactique décalée, un travail d’éducation populaire remarquable ou un récit de grève passionant.
1. La communauté (de Tanquerelle et Yann Benoît)
· Album : 368 pages
· Editeur : Futuropolis
· Date de publication : 23 septembre 2010
De quoi ça parle ?
Cette bande dessinée n’est pas, à proprement parler, un récit de lutte. Mais elle porte sur une expérimentation que chacun se devrait de lire et d’analyser avec intérêt : la création d’une communauté de vie. En Février 1972, des étudiants soixante-huitards se cotisent pour acheter une ancienne ferme et y créer un atelier de sérigraphie.
Pourquoi c’est bien ?
En plus de 300 pages, les auteurs procèdent à une restrancription graphique d’un entretien avec l’un des fondateurs de la communauté. Tout y passe : les règles de vie, le travail quotidien, la répartition des tâches, les relations avec les fermiers voisins… Et c’est absolument passionnant.
Par ailleurs, on est aux antipodes des clichés sur les communautés hippies. Ici, pas d’union libre, de drogue ou de fêtes à répétition. La communauté cherche, par son travail, à se rendre autonome.
Loin de faire une apologie de l’autogestion, les auteurs restent fidèles au témoignage dont ils sont les dépositaires et relatent, dans les moindres détails la création, l’apogée puis la fin d’une expérimentation exceptionnelle.
Et l’organisation collective dans tout ça ?
De tous les ouvrages présentés jusqu’ici, c’est celui qui m’a le plus marqué. Parce qu’il contient une leçon bien plus riche que de simples conseils stratégiques : la constitution d’une communauté solidaire.
Le coeur de l’organisation collective, c’est l’humain. Les luttes se font et se défont sur notre capacité à générer (puis faire durer) des liens de solidarité entre des individus très différents. En ce sens, les plus grandes leçons d’organisation collective sont sans doute les plus humaines.
Je garderai ainsi un souvenir particulier de la façon dont cette communauté de soixante-huitards a réussi à nouer de vrais liens de solidarité avec ses voisins. Ou encore de la façon dont elle a réussi à maintenir, pendant de nombreuses années, une répartition équitable et diverse du travail.
Et vous ? Avez-vous d’autres BD à partager ?
Cette liste est loin d’être exhaustive, et elle ne demande qu’à s’élargir ! Pour me faire découvrir vos coups de coeur, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse suivante : jm.knutsen@organisez-vous.org.
D’ici là, bonne lecture et joyeuses fêtes !
En savoir plus sur l'auteur·ice
L'Université Populaire des Luttes
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